La parenthèse Grinderman l’an passé a eu des effets de fond : sur ce nouveau Bad Seeds, que l’on rapprochera par son esprit à un Henry's Dream, Nick Cave a (enfin) osé se lâcher. Rangées les choristes et la surenchère de Abattoir Blues. Réduit au minimum syndical, le groupe carbure à plein régime, et a décidé d’en découdre avec le mythe de Lazare, la vie nocturne et l’esprit sixties.
Pourquoi Henry’s Dream ? Parce que Dig !! est aussi un album d’ambiances et d’aventures, non pas westernisantes, mais cette fois ancré dans les Pulp Movies (Nick Cave arbore fièrement moustache latino et paillettes), la magie de Houdini, les tables qui tournent. Théâtrale, forçant le trait jusqu’à la caricature, sa plume fait mouche, saisissant les ambigüités et excentricités de personnages toujours en quête de rédemption.
Musicalement beaucoup moins construit, reposant principalement sur les pulsations rythmiques du duo Sclavunlos / Casey, Dig !! se libère de toute préconception et joue la carte de la spontanéité. Ce qui veut dire aussi que ça n’assure pas toujours, malgré la production de Nick Launay. Entre les pastiches rock garage sulfurisés par la Fender Mandocaster (sic !) de Warren Ellis, les singeries rock’n roll tendance Chuck Berry (la chanson éponyme) et la pop funkisante ("Moonland"), on s’y perd un peu, surtout la première demi-heure : impression de bâclé sur "Today’s Lesson", bricolage franchement pénible sur "We Call upon the Author".
Mais les superstitions aident, ici : le chiffre 7. Depuis le septième titre ("Hold on to yourself"), c’est le sans faute, que ce soit dans un registre boogie-woogie punkisant ("Lie down here"), la balade douce amère ("Jesus of the Moon") et surtout le final jouissif de "Midnight Man" / "More News from Nowhere". Après les feux de la rampe : la fin de règne.
Alors même si Dig !!! reste assez loin du mythique 7ème album (Henry’s Dream), ce 2x7ème opus restera comme l’album de la libération créatrice, malgré un côté inégal donnant volontairement dans le brut et quelques approximations. Heureusement ! Car la recherche de la perfection, c’est aussi pas mal casse-burnes à la longue.
- runeii, le 7 03 2008