Cave & Ellis > The Proposition

The Proposition
3.2006
Notation
Musique de film   

Parfois il arrive qu’on ne soit tout simplement pas à la hauteur. On peut posséder le talent d’écriture, le don de la mélodie imparable, mais rien ne peut nous immuniser contre les faux-pas. Ainsi avec «The Proposition», on trébuche, on se perd. Pire, il arrive qu’on s’emmerde carrément.

Pourtant sur le papier on ne peut être qu’admiratif devant ce dernier projet de Nick Cave, artiste aux multiples facettes : associé à nouveau au producteur John Hillcoat ("To have and to hold", "Ghosts of the civil Dead"), il a conçu entièrement le scénario de ce road movie australien (qui verra entre autres Guy Pearce et Emily Watson) au décor de fin du 19ème siècle. Il en a ensuite co-écrit la musique avec son compère des Bad Seeds, le talentueux violoniste Warren Ellis.

Bien loin de ce qu’il avait réalisé avec Mick Harvey et Blixa Bargeld sur «To have and to hold», Nick Cave semble perdu sans son supergroupe derrière lui, murmurant quelques mots ça et là, se la jouant Kurt Wagner des Lambchop, parfois même maniéré et agaçant. De son côté, Warren Ellis ne convainc pas entièrement : ses samples de violon évoquent parfois le fabuleux «Whatever you love… you are» de son groupe Dirty Three, mais la brièveté des compositions (une à trois minutes en moyenne) abrège vite une magie qui ne prend en fin de compte que rarement. Restent quelques passages agréables qui peuvent illustrer une certaine désolation ou la rudesse d’un désert impitoyable. Mais c’est bien peu au final.

Bien en deçà des illustrations sonores épiques réalisées tant par Neil Young («Dead Man»), Morricone ou Earth («Hex»), «The Proposition» ne convainc pas. C’est sans hésitation qu’on revoie le maître Nick étudier les classiques du western et de la bande son. Un faux-pas qu’on oubliera vite.


- runeii, le 11 03 2006