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Imidiwan : Companions
7.2009
Notation
Rock   World/Ethno   Afrique

De ces rencontres improbables qui créent une révolution, aucune n’a ces dernières années la force du desert-rock de Tinariwen. Vous avez devant vous les derniers pionniers du blues, transposés par migration forcée sur les dunes du Sahara. Proche par sa philosophie des mythes du delta du Mississipi, ce collectif touareg exprime toute la révolte grondante d’un peuple apatride sans cesse délocalisé, avec l’espoir fragile d’un retour au pays. Par définition, la musique des Tinariwen est ainsi en mouvement perpétuel. Tous les ingrédients du blues, donc, mais empreints d’éléments indissociables à l’Afrique et ses immenses espaces.

Outre l’influence des "pères" Farka Touré ou Ry Cooder, l’art de la guitare des Tinariwen garde la trace indélébile d’années d’exil, de prison et de camps, où l’écriture devient le moyen de survivre, la guitare devenant l’arme de revendication absolue. Trempé dans le vécu, l’urgence et l’acte de survie. Un étrange écho Hendrixien semble aussi se glisser en invité surprise.

Plus affiné encore que son prédécesseur déjà impressionnant (Aman Iman en 2007), ce Imidiwan: Companions donnera davantage le sentiment de maîtrise totale des arrangements. Souvent entonné et repris par des chœurs en arrière plan, le phrasé des différents chanteurs, aux intonations rauques, semble réconcilier le bluesman et le chaman au sein d’une même transe. Le dialecte tamashek local, le "youyou" des femmes et la calebasse martelant son inlassable tempo contrastent les 13 titres, qui développent tous à leur manière une saudade à la mélancolie poisseuse.

Dire que Tinariwen devient le groupe de rock le plus important du continent africain n’a en fin de compte rien d’un slogan. Repéré par Justin Adams (entres autres guitariste du Strange Sensation de Robert Plant, ce dernier étant devenu fan absolu du groupe), ce collectif en changement perpétuel, centré autour du demi-mythe Ibrahim Ag Alhabib, a su réunir les ingrédients rares qui font l’alchimie parfaite. Sincérité, indépendance, revendication. Sans oublier la poésie.


- runeii, le 14 08 2009

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