Jackson C. Frank > Jackson C. Frank

Jackson C. Frank
1965
Notation
Rock   Folk   Jazz/Blues

Jackson C. Frank est le chanteur folk le plus célèbre dont personne n'a jamais entendu parler. Auteur d'un seul album enregistré en 3 heures et sorti en 1965, cet Américain a brièvement vécu dans le Londres du milieu des années 60, aux côtés de monstres sacrés comme Bert Jansch, Paul Simon et Sandy Denny, avant de repartir pour son pays natal et d'y mourir dans la misère. La vie de Jackson C. Frank est un roman à elle toute seule, je recommande particulièrement le très beau texte de Raoul Lachenay pour en saisir tout le tragique.

Plus de quarante ans après, tout juste sauvé de l'oubli au milieu des années 90, son album homonyme de 1965 est de l'or en barre dont on fait les classiques, un disque hanté qui a influencé une multitude d'artistes folk, notamment Nick Drake ou Al Stewart (qui fait ses grands débuts en seconde guitare sur "Yellow Walls"). Restent 10 titres de folk nés de l'urgence, d'une nécessité absolue, enfantés un peu à la manière des blues qui ont rythmés l'enfance de Jackson. C'est l'aube des songwriters à la guitare acoustique, et Jackson C. Frank explore ce registre avec une facilité technique déconcertante en y injectant une dose létale de désespoir.

Si la tristesse imprègne cet album, c'est une tristesse rédemptrice, et parfois la colère n'est pas loin, comme sur le virevoltant "Don't Look Back", seul morceau frappé et politisé sur l'injustice dans le Sud des Etats-Unis. Jackson C. Frank c'est aussi un enchaînement de mélodies sublimes, que ce soit la balade ultime, "Milk and Honey", ou les arpèges fluides de "My Name is Carnival". Arrivé au bout de ce disque, on se demande comment on a pu vivre sans toutes ces années, et les bonus tracks présents sur la réédition de 2002 nous laissent le coeur encore plus lourd de regrets sur ce qu'aurait pu être la discographie de l'homme. Il s'agit de 5 morceaux enregistrés aux alentours de 1975, à un des rares moment où Jackson C. Frank a pu émerger de son enfer pour toucher à nouveau la grâce, avant de sombrer à nouveau. Ces 5 perles brutes sont presque encore plus impressionnantes que l'album lui-même ("Marlene", "Prima Donna of Swans", "Relations"...), véritable testament artistique où la virtuosité des compositions se dispute à l'émotion intense qui s'en dégage. Essentiel.

[A noter qu'une dernière réédition en 2003 verra l'ajout de 3 autres morceaux à cette session de 1975, ainsi que l'album enregistré en 1994, quelques années avant sa mort et une série de démos retrouvant Jackson C. Frank à 17 ans.]

- JP, le 2 08 2009

Réactions

par Sai Real, le 17/09/2009
Les bonus tracks présentes sur la réedition de 2002 sont carrément indispensables. Notamment "Marlene" qui est boulversante.
par Alb 55, le 4/08/2009
Belle découverte sur le tard, merci! Encore une de ces légendes désespérées qui est passé à côté de tout...

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