Il fallait, après trois albums veinés folk-acoustique, appliquer une évolution au système Nadler, sous peine de sanction qui l’aurait immanquablement vue classée sous le titre de folkeuse de haute qualité mais sans évolution possible. Marissa est une artiste exigeante ; certes on ne demandait pas qu’elle nous ponde un disque de black métal, mais avec Little Hells on peut raisonnablement confirmer le franchissement d’une étape. Si la base reste le folk, Marissa a délaissé les grands axes de la guitare sèche / voix, pour prendre la contre-allée d’un piano plus présent, de rythmiques hardies, de percussions et d’orgues avancés et d’un psychédélisme de très bon aloi.
C’est le producteur de Blonde Redhead que l’artiste est allée débaucher, faisant sonner Little Hells avec un son plus clair qui ne devra effrayer personne tant ce son colle à la qualité de l’opus, plus avenant et pourtant tellement touffu. Il suffit d’entendre "The Hole is Wide" par exemple pour se rendre compte du chemin parcouru en terme de perfection musicale. L’ensemble des titres est du même acabit, alternant vieux cabaret, pureté mélancolique et chœurs fantomatiques. On décollera définitivement avec "Loner", sans doute l’un des plus beau titres de ce début de millénaire, où Marissa Nadler se mue en muse d’un Syd Barrett totalement camé aux acides d’orgues d’un Rick Wright se croyant encore sous le déluge de Pompeii. Après cela, on peut bien mourir, « Goodbye Misery » chante-t-elle sur un "Mistress" en clôture. Oui, au revoir, il ne nous reste qu’à tenter de se remettre de nos émotions mises à nues tant nous sommes abasourdis par cet opus fin, exigeant, pur, envoûtant et tellement délicieux.
- le sto, le 11 05 2009