Comme à chaque nouvel opus de sa série ambient, Brian Eno change totalement de domaine. Cette fois-ci, c’est de la terre qu’il s’agit, et il n’y a aucun collaborateur, excepté le jeune bassiste Bill Laswell sur « Lizard Point », qui n’était pas encore aussi connu qu’aujourd’hui. La première moitié de ce disque est très sombre, on y entend principalement des notes basses et sinistres. Les bruitages sont excellement faits : 22 ans après, ils sont toujours d’actualité...il fallait quand même le faire ! C’est une ambiance de steppe, de ferme abandonnée au milieu d’une montagne où l’on n’entend que le bruit d’une barrière secouée par le vent et les cris des insectes dans la nuit. « The Lost Day » est particulièrement réussie, sinistre à souhait. « Shadow » est encore plus sombre, plus nocturne. On entend des voix étranges dans la nuit...mais comment sait-on que c’est la nuit ? Tout simplement parce que l’ambiance est criante de vérité. Puis viennent d’autres titres comme « Tal Coat », plus musicaux et moins sombres. « A clearing » évoque un point de vue dégagé au milieu de la nature. Le disque le moins accessible de la série ambient, mais pour les amateurs du genre, c’est un vrai régal. Indémodable et intemporel.

- JP, le 24 05 2004