Grosse erreur si vous vous limitez au patronyme pseudo-angélique de ce power trio d’Atlanta, car c’est bien un marquage au fer rouge que vous prendrez après votre cocktail de pilules roses. Un album d’indie rock à la fois cérébral, planant et viscéral, dangereux du début à la fin. Soit de quoi se cramer divinement les neurones tout en lévitant.
Petit retour en arrière où les radios locales d’Alabama jouaient alors, entre deux country, la noise-pop anglaise de Jesus & Mary Chain, Ride ou Spacemen 3. De leur côté, les villes sudistes faisaient leur quotidien de cette morale bien-pensante destinée à contrôler certains écarts de sa jeunesse. All the Saints en gardera un langage propre qui les place étrangement aux côtés des apôtres du Gun Club, dont ils partagent la même ferveur endiablée.
En moins de 40 minutes chrono, ce premier album m’a troublé par la diversité de ses angles d’approche : entames stoner, garage, slowcore, folk ou noisy, structures souvent éloignées des couplet-refrains, douceur et rage en alternance ou combinées, mélodie versus bruit blanc. Les pistes restaient brouillées, mais tout gardait une grande maîtrise. Et fait notable : c’est un album dont les dynamiques, à plein volume, rendent entièrement justice à ma stéréo.
Pour faire court, je retiens de ce Fire on Corridor X l’assaut combiné de guitares en couches successives qui s’avancent ou se retirent sans qu’on y prenne garde, incluant un constant second champ de feedback subliminal, droit issu du drone-rock. Sans oublier le divin équilibre de la balance, conséquence de Ben H. Allen, dont l’excellente prod’, exercée dans le hip-hop, puis dans l’indie avec Animal Collective, réinvente sans cesse un langage, rajeunissant le genre de dix ans d’un coup.
Toutes ces bonnes raisons me rassurent sur la santé, excellente, de mes petites oreilles.
- runeii, le 8 01 2009