Ce genre d'album est très étonnamment celui qui conduit aux excès. Soit on adore Coldplay, sa pop lyrique et son chanteur à la croix de bois, soit l'on déteste viscéralement le groupe qui inonde toutes les ondes et truste les places de n°1 chez les disquaires. Pourtant à l'écoute de Viva la Vida, on se demande pourquoi de telles attitudes extrêmes sont engendrées par un disque au demeurant assez anodin. Car le Coldplay 2008 n'est au au fond qu'un disque composé d'une dizaine de pop songs assez bien léchées, un peu trop produites et proprettes pour n'importe quel rocker qui se respecte, et au final bien inoffensives.

Un petit instrumental en amuse bouche, puis les la-la-la de Chris Martin sur "Cemeteries of London", probablement le titre le plus inintéressant du groupe. Quelques bons moments tout de même suivent avec "Lost!", le meilleur moment dirons-nous qui résume assez bien l'album. "Lovers in Japan/Reign of Love" s'essaie aux 7 minutes en collant deux titres mais échoue dans la guimauve. Quelques expérimentations exotiques sur "Yes" tentent de jouer le jeu de la nouveauté et les cordes de "Viva la Vida" qui sont calibrées pile-poil pour tenter le single of the year passant environ une fois par heure sur toutes ondes.

Très bien tout ça, mais au fond on a vite fait le tour ; Coldplay étant loin d'atteindre leur propre sommet qu'a été Rush of Blood to the Head en 2002. L'ensemble a ici été produit par Brian Eno, qui louche plutôt du côté de l'époque Roxy Music que des expérimentations Bowiesques ou ambiantes. Mais bon, embaucher Eno ça pose tout de suite son groupe, histoire de crédibiliser l'affaire et de rabattre le caquet des détracteurs. Viva La Vida or Death and All His Friends (ce titre!) est en définitive un album correct mais qui, s'il est techniquement en ordre, manque d'une touche d'émotion qu'on pouvait trouver attachante sur les précédents albums. Un opus inintéressant pour n'importe quel rocker alternatif, tout à fait adapté pour n'importe quelle fête de famille trans-générationnelle et qui, en fin de compte, vaut presque tout autant qu'un un album de U2 période post-Pop.


- le sto, le 8 07 2008