On l'avait laissée il y a de cela cinq années avec Bowmboï; temps durant lequel la chanteuse malienne a tourné, voyagé, rencontré, philosophé et enregistré. Enregistré un album aux racines de son pays, de son continent, de son âme : un disque aux saveurs de blues. A la recherche de guitares "vintage" pour ce nouvel album, Rokia Traoré les a trouvées en Europe. Elle a bien cherché à les ramener à Bamako pour enregistrer Tchamantché aux bord du fleuve Niger, source de vie du Mali. Mais la réalité de notre monde matérialiste ne le lui a pas permis, les compagnies d'aviation ne remboursant d'éventuels dégâts qu'au poids, et une vieille guitare ne pèse pas grand-chose…

Mais qu'importe car Tchamantché a beau avoir été enregistré dans nos froides contrées, la chaleur simple des accords de guitares, la voix tantôt fragile, tantôt imposante de Rokia, les percussions, les instruments africains dont le N'Goni (harpe-guitare malienne) n'ont que faire des frontières, créations humaines par excellence. Et comme à l'accoutumée, Rokia parle de l'Afrique, encourage au développement à l'intérieur de son continent, et non à l'exode qui ne résout rien; la richesse se trouve également sur cet immense continent. Enfin, Tchamantché signifie "le milieu"; par là, l'artiste cherche à démontrer que la troisième voie est possible, sans excès, sans opposition constante, sans guerre.

Un quatrième album qui se veut moins dansant qu'à l'habitude. Les rythmiques endiablées, Rokia les gardées pour ses concerts, ici le ton est plutôt à la méditation, à l'apaisement, à la sérénité. Ce disque est finalement dédié à Ali Farka Touré et c'est vrai qu'on sent que l'âme de l'immense Malien plane sur Tchamantché, album de paix intérieure.


- le sto, le 25 05 2008

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