Dereyer, Alban > Underneath This Myrtle Shade

Underneath This Myrtle Shade
3.2008
Notation
Rock   Pop

Un piano qui gazouille et galope gentiment au fil du relief produit par les notes noires et blanches, des arrangements qui font rimer discrétion avec ambition, une voix de traîne jamais geignarde: C'est premier mini-album du musicien français Alban Dereyer. Le piano donc, l'ossature des 6 chansons présentes ici, un piano jamais triste, jamais mou, jamais lent, toujours aérien et beau. Une bien jolie voix par-dessus et puis voilà, rien de plus n’est nécessaire pour ravir et émouvoir.

La « pop de chambre » (une expression plus jolie en anglais : « Chamber pop ») semble revenir sur le devant de la scène en ce début d’année avec la sortie du premier album de FM A dream or Two chroniqué par ailleurs en ces murs, une sortie estampillée Universal (avec couverture presse imposante jusqu'aux affiches dans nos métros) et puis ce disque-ci par exemple, un disque plus confidentiel malheureusement (sans pour autant remettre en cause le premier nommé, il y a de la place pour bien plus que deux) et qui, dans une veine plus minimaliste (volonté profonde ou moyens du bord ?) et épurée séduit et emporte nos suffrages.

Car Underneath This Myrtle Shade est en effet un grand (mini) album d’inspiration « chamber pop » ou « pop baroque », appelez cela comme vous le voudrez. Le premier morceau "Someday" rappelle l'entame et la mélodie de "Geromino" de Divine Comedy, la voix elle (et tout du long du disque) évoque celle d'Anthony (& the Johnsons) dans ce qu'elle a de meilleur (le timbre) sans ce qu'elle a de crispant (un peu tout le reste il faut bien le dire : le maniérisme, le souffle, l'amplitude, le côté souffreteux qui lasse rapidement). On entre ainsi dans ce disque dès les premières secondes, de suite, et l'on s'y sent bien, comme dans une bulle, une atmosphère douce mais dense du plus bel effet.

"Give it a Try" dés le second morceau invite une guitare acoustique à la sarabande tressée par le piano en guise d’accompagnement rythmique, l’acoustique de la guitare semblable alors à la main gauche du piano. "September" en milieu de sélection fait de suite penser dans la mélodie au "Here comes the Sun" de George Harrison même si la musique en diffère totalement. Une ravissante petite pièce musicale avec une voix plus éthérée et aérienne cette fois et le piano cette fois au premier plan. Au fil des morceaux on retrouve en effet tantôt le piano en avant et les voix/arrangements derrière tantôt l’inverse comme pour "Big Ben" par exemple où la voix (doublée, comme un écho à Elliott Smith par exemple) s’impose dans le mix avec en contrebas quelques notes de pianos. Une allusion à Elliott Smith qui prend encore tout son sens sur le dernier (et oui déjà) morceau de l’album "Clay house", principalement dans la manière de travailler les voix (même si la voix d’Alban n’a rien à voir avec celle du troubadour désormais céleste). Là le piano nous fait penser à la respiration d'un poisson rouge se retrouvant hors de son bocal tandis que son bourreau l’observe en chantonnant tout à côté (on a des pensées bizarres de temps à autre non ?).

Ce disque est au final comme un petit miracle, rien de moins. On peut certes se demander si Alban Dereyer séduirait autant sur un format plus long, de par la relative proximité des mélodies et des ambiances par exemple mais cette question n’est finalement que peu de choses devant les qualités de cet album. Une véritable bulle de savon (à l’amande le savon tant qu’à faire) qui grossit, grossit, grossit encore au fil des 6 morceaux et puis qui éclate (c'est que ça fait court 6 chansons, surtout avec deux d'entre elles à moins de 2 minutes) nous laissant l'espace d'une seconde ou deux comme perdu et désemparé, le temps en fait d'appuyer sur la touche "Repeat" de notre (ravissant) lecteur cd et ainsi faire une nouvelle jolie bulle de savon (toujours à l’amande, et oui).

On peut ici parler de belle promesse, de révélation même sans hésitation car ce n'est pas un simple plaisir d'écoute en fait mais presque un début de fièvre, on aimerait déjà en écouter plus, en découvrir davantage : Le ver est dans le fruit.

- Le Bornu, le 21 04 2008

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