Marcus Schmickler, à travers son projet Pluramon, a longtemps fait du My Bloody Valentine sous lui. Vous allez me dire qu’il y a pire comme inspiration et vous aurez raison. Vous allez me dire aussi (parce qu’on ne vous la fait pas à vous) que Pluramon n’est qu’un projet parmi d’autres de cet activiste qui œuvre tant dans le domaine électronique (que cela soit au niveau de son label A-Musik que de ses projets Pol ou encore Wabi Sabi) que de la guitare à la fois vaporeuse et noisy qui nous occupe ici et vous aurez encore raison.
Il faut remonter à loin pour retrouver pareille ouverture d’album puisque les quatre premiers morceaux du disque sont presque tous d’égale très haute (inégalable ?) valeur. On est conquis dès les premières mesures de «Turn in», un parfait calque de tout ce qui va suivre par la suite dans le traitement du son très travaillé et en même temps plutôt lointain et céleste. La voix éthérée et délicieusement naïve/juvénile de Miss Julee Cruise fait ici corps avec la matière sonore à un point presque inimaginable. Le mariage des voix sur «Border» touche en plein cœur, moins toutefois que son refrain poignant. Ensuite, «If time was on my side» et sa veine plus balisée (ce qui ne veut pas dire banale) emporte nos suffrages par sa lumineuse simplicité. Toutefois, le reste de l’album est honnêtement en-deçà de sa première partie, on y retrouve la même superbe atmosphère sans forcément y retrouver des sommets mélodiques.
On succombe totalement quand la musique pop est comme ici la rencontre entre une musique envoutante, complexe mais accessible et une voix qui s’y molletonne à merveille. Un peu comme Cendrillon qui enfilerait sa pantoufle de verre devant tous les princes charmants du monde. Il manquait quelque chose à Pluramon dans sa volonté de polir le côté bruyant des guitares et produire ainsi une musique plus légère, plus céleste. C’est avec la voix de Julee Cruise entendue sur ce disque-ci mais aussi sur le précédent que le puzzle trouve enfin son achèvement, et pour notre plus grand plaisir.
Un disque à conseiller à tous les amateurs de mélodies simples, d’ambiances sophistiquées mais légères, de musique de rêverie féérique et magique.
- Le Bornu, le 31 03 2008