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Untrue
11.2007
Notation
Electro   

Difficile de manquer Untrue si vous foncez sur les référendums de fin d’année. Difficile aussi de ne pas se méfier du phénomène de hype qui entoure ce second opus, malgré le mystère qui plane autour de lui. Que penser de tout ce foin pour un obscur producteur mouvance dubstep noyé derrière un écran de fumée londonien, trois interviews, point final ? Je crois bien avoir résisté à la première écoute, distrait par les banalités quotidiennes, en plein jour : les samples tarabiscotées mouvance R’n B m’ont refroidi d’entrée. Et pourtant, j’en ai gardé un je ne sais quoi d’étrangeté, comme si j’avais frôlé un précipice insondable.

Ce sentiment, je l’ai retrouvé par la suite. Untrue pose une équation musicale impossible, mettant aux prises un univers futuriste glacé, tendu par des rythmiques syncopées, avec une ère révolue de chorus soul en brèves boucles bien suaves (genre «My love» ou «Baby»), les mots étant usés, au bord de l’extinction. Je m’imagine un vieux phonographe 78 tours rayé où tournerait un Brandy sirupeux, lâché dans une piscine et retrouvé en 2058 d’une ère postnucléaire. Placés dans ce contexte sombre et déshumanisé, ces quelques mots d’amour en deviennent subtilement émouvants, les onomatopées mises bout à bout s’assemblent en chorale lumineuse au dessus d’abimes d’urbanité : le monde selon Matrix vu du ciel.

Tout ça pour dire que Untrue fusionne des mondes et des époques, comme ont pu le réussir en son temps la diva soul Shara Nelson sur les samples hip-hop de Massive Attack (Blue Lines), ou quand l’univers drum & bass s’est subitement retrouvé ré-humanisé (Two Pages de 4Hero). Au delà, c’est une affaire de goût. A chacun de définir l’onde de choc avec ses mots. Pour moi, c’est un Grand Disque.


- runeii, le 3 01 2008

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