Nous sommes en 1992. Ce truc appelé Grunge, que les historiens de la musique auront, je pense, bien du mal à définir, déferle sur la planète rock. Derrière les locomotives Nirvana, Pearl Jam ou Soundgarden s’engouffrent des tas de groupes aux styles et influences diverses dont le seul point commun est peut-être de remettre à la mode les guitares, les cheveux longs et le look de vestimentaire de Creedence Clearwater Revival.
Groupe assez mal connu mais qui, selon certaines sources, viendrait carrément du doom métal!!! Force est de reconnaître que Trouble signe là un album qui aurait pu devenir un hit planétaire, si à cette époque la simple allusion au Hard Rock n’avait pas ressemblé à une insulte.
Car cet album, c’est Pearl Jam sans la dépression chronique d’Eddie Vedder, c’est Soundgarden sans ambitions modernistes. Renouant avec les racines 70’s du rock, ce sont les Black Crowes sans les poses chichiteuses, c’est aussi Led Zeppelin dans l’efficacité de "Black Dog" ou encore Lynyrd Skynyrd qui aurait écouté Black Sabbath.
Produit par Rick Rubin sur Def American, il s’agit ici de rock’n roll, du vrai, du pur, du qui sent bon la bière et la sueur.
Porté par la très belle voix du chanteur, les onze titres de l’album dégagent tous leur propre climat, assumant chacun leur propre influence, lorgnant tantôt vers le Hard Rock le plus lourd, tantôt vers la musique psychédélique, tantôt vers le rock sudiste Deux ballades rappellent même le Pink Floyd de "The Wall" ce qui est loin d’être un mauvais point.
Trouble était sans doute trop brut, pas assez (re-)travaillé pour devenir à cette époque les stars que d’autres sont devenus, dommage.
- Presse-Gurvic, le 20 12 2007