Gang Gang Dance > God's Money

God's Money
4.2005
Notation
Rock   Electro   Experimental

Dans le cas de Gang Gang Dance, l’expression «disque à apprivoiser» n’a rien de galvaudé. Que ceux qui ne se sentent pas totalement paumés à la première écoute se manifestent! Cet album est réservé à un public averti et à consommer avec la prudence requise avant toute ingestion de psilocybine.

Cette bande de doux dingues explore des contrées post-apocalyptiques peuplées d’esprits illuminés de visions mutantes. Le groupe est souvent mis en lien avec Panda Bear (d’Animal Collective) pour cette exubérance lysergique, ce néo-hippisme d’un onirisme encore plus radical. Gang Gang Dance est l’incarnation du post-modernisme devenant néo-tribalisme. Enfin, tous ces «ismes» limités, uniquement pour dire : cette fois ça y est, on a du nouveau!

Pour la tête : des nappes de synthés filtrées par un flanger, compressées, enveloppent le timbre très aigu – sans être strident – de l’excentrique et divine Liz Bougatsos. Celle-ci est assez estomacante à contempler sur scène, en train de triturer sa boîte à effets et moduler sans cesse sa voix. En prime, elle assume par moments une partie de la rythmique. Pour les tripes : le quatuor se singularise par des beats cassés, aux angles légèrement polis, mais à la fulgurance toute tribale.

Ici, l’expérimentation est volutes orgasmiques et ne reste pas calée dans des dérives atmosphérico-noisy. Gang Gang Dance, sur ce troisième album, réussit, par miracle, à dégager une cohésion d’un marasme sonore originel. Ceci est illustré à merveille sur les deux premiers «tubes» (l’orientalisant «Glory in Itself, Egyptian» et le groove improbable de «Egowar») de ce genre tout frais qui n’a même pas encore vraiment d’étiquette, bien que le terme neo-tribal revienne souvent.

Cette musique puise à la source. Elle envoûte l’auditeur curieux qui ne sait pas encore qu’il décolle pour un autre espace, un autre temps.


- yak, le 26 02 2007