Polar > I

I
1996
Notation
Rock   Folk

Le premier disque de Polar est une plongée dans un puits sans fond d’une noirceur incomparable. Polar I, douloureuse confession d’une âme perdue dans la dépression, a été enregistré par Eric Linder (alias Polar) dans sa cuisine sur un 8 pistes avec un micro acoustique, sorte de Nebraska Suisse romand décrivant des paysages intérieurs dévastés. Ces 13 chansons jouées à la guitare sèche, accompagnées d’une voix entre chuchotement et plainte, sont sans détours et sans concessions. A l’image du premier morceau, "I’ve lost my friends" ( "I’ve lost my friends, fuck them and fuck myself. I’m on my own. I can’t bear myself" ), et de la majeure partie des autres - "Trapped in my head", "Broken man" - tous les titres parlent d’eux-mêmes et révèlent une douleur profonde, des envies de suicide non dissimulées.

Véritable exorcisme de tous les démons personnels de Polar, ce premier disque en forme de thérapie exprime une rage et un désespoir intenses, d’une sincérité rare. D’autres instruments comme un harmonica, une basse ou quelques percussions agrémentent certains morceaux ("My own private Xmas song", "Pain") , même si on est encore bien loin des arrangement electro-rock qu’on retrouvera sur Somatic. Polar joue avec ses tripes et c’est de ce don que viendra sa rédemption et son succès futur. Difficile d’écouter ce disque de bout en bout sans ressentir un léger malaise, ce folk spectral et malsain est à consommer avec modération, la force émotionnelle qui s'en dégage ne laissera personne indifférent.

- JP, le 13 11 2005