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Rook
6.2008
Notation
Rock   

Alors que Shearwater nous avait déjà annoncé la sortie d'un nouvel album lors d'une interview en novembre 2006, près de deux ans se sont écoulés avant la sortie de Rook. Perfectionnistes, Jonathan Meiburg et les siens ont pris leur temps, laissant de côté bon nombre de chansons pour finalement garder ces 10 titres. La virage négocié depuis Thieves puis confirmé avec brio sur Palo Santo a donné une nouvelle dimension au groupe. Ornithologue diplômé, Meiburg trouve son inspiration dans la nature sauvage, notamment lors de ses voyages aux Iles Falkland, un monde lointain et préservé.

Loin de toutes les étiquettes faciles, Rook est un album accompli et personnel, qui se situe dans la continuité de son prédécesseur, évoquant par moments les derniers albums de Talk Talk. L'une des nouveautés réside dans la participation de nouveaux musiciens, en dehors du quatuor de base, qui apportent de nouvelles sonorités (Trompette, harpe, violons...). Heureusement pour nous, ce n'est pas pour autant que Shearwater tombe dans la surenchère. L'utilisation de ces instruments se fait de manière subtile, idiomatique et naturelle, en évitant les "mariages forcés".

Avec une production cette fois-ci à la hauteur de ses ambitions, on est frappés d'entrée par l'équilibre entre méticulosité et abandon. Les textures sont complexes et riches, maîtrisées, ce qui n'empêche pas le groupe de laisser libre cours à sa spontanéité, même si on sent plus de retenue que sur l'épique Palo Santo.

L'autre évolution majeure concerne l'écriture, s'éloignant encore un peu plus des paroles torturées des premiers opus de Shearwater pour passer au niveau supérieur. Les métaphores sur la nature sont omniprésentes, principalement la déconnection et l'indifférence du monde moderne à son égard, voire sa destruction. L'ensemble est un nectar noir et puissant, d'abord avec la voix incomparable de Jonathan Meiburg bien sûr, mais à tous les niveaux, des guitares hargneuses de "Century Eyes" aux fines gouttes de piano de "I was a Cloud" à la lisière du silence. Rook représente un accomplissement créatif et musical, positionnant Shearwater bien loin des modes du moment. Ces 37 minutes passent vite, trop vite, comme une seule chanson aux multiples visages.

- JP, le 22 07 2008

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