New Model Army > Strange Brotherhood

Strange Brotherhood
1998
Notation
Rock   

Strange Brotherhood est le résultat de 5 ans de lutte intense, d’espoirs et de désillusions, pour un album qui a failli ne jamais voir le jour. Les deux forces créatrices derrière New Model Army se nomment Justin Sullivan (voix/guitare) et Robert Heaton (batterie), et si leurs divergences artistiques ont commencé à s’intensifier au milieu des 90’s, elles ont atteint leur point culminant lors de l’enregistrement de Strange Brotherhood. C’est à la fin de ce long et douloureux processus que Justin et Robert se sont rendu compte que leur collaboration arrivait à son terme. A peu près au même moment, triste coïncidence, un examen médical révèle la tumeur au cerveau de Robert Heaton, qui devra être remplacé pour la tournée par Michael Dean, avant de mourir 6 ans plus tard.

Cet album fût une débauche de créativité et de travail pour atteindre la perfection, le genre d’obsession qui a bouffé toutes les économies du groupe et éloigné les proches de ses 2 têtes pensantes ; au final, plus de 30 heures de musique sur cassette ( !), et si le groupe n’avait pas finalement abrégé le fastidieux exercice, ils y seraient encore aujourd’hui, sur Strange Brotherhood. Pour faire ce choix cornellien, ils ont décidé de sélectionner des morceaux disparates plutôt que de viser la cohésion. Tous les morceaux étaient répartis en 5 genres musicaux, et les meilleures chansons de chaque style ont été gardées. En regardant en arrière, le rock électrique de The Love of Hopeless Causes semble l’œuvre d’un autre groupe ; l’un était monolithique et enlevé, l’autre est fragmenté, et chaque chanson raconte une histoire entièrement différente.

D’un côté, jamais le groupe n’a eu autant d’idées différentes réunies sur un seul album ; de l’autre, Strange Brotherhood souffre de ce manque de cohésion, et toutes les nouveautés ne « marchent pas » aussi bien. L’ajout de cuivres sur "Gigabyte Wars" est une première – espérons la dernière – et l’ensemble sonne un peu forcé, artificiel. "Whites of their Eyes", peut-être la chanson la plus unanimement rejetée par les fans, retrouve la voix de Justin Sullivan saturée à l’excès avec un harmonica, qui ne communique pas grand-chose. Les rythmiques ethno de "Queen of my Heart"sont jolies et le résultat est sympathique sans être inoubliable, "Big Blue" est une « redemption song » assez pâlotte menée par une ligne de guitare simple et quelques cuivres pas vraiment bienvenus.

Si tout ne marche pas aussi bien que prévu, Strange Brotherhood recèle aussi les instants magiques d’un groupe de rock en état de grâce, véritable catharsis musicale dont New Model Army a le secret. "Wonderful Way to Go", est une entrée en matière intense et limpide, une montée d’adrénaline franchement grisante. Dans un style plus posé, "No Pain" est une chanson épique où la qualité du songwriting devient ridiculement géniale. "Lullaby" est sans doute la chanson la plus personnelle du groupe, une des rares occasions où Justin Sullivan évoque sa propre famille. Rien que de tels moments d’émotion pure valent l’achat du disque, et qui sait si ce ne sont pas là les meilleures chansons que le groupe a jamais écrites ?

NMA a donc réussi son pari - partiellement : c’est clair qu’à côté de tant d’excellence, beaucoup d’autres morceaux supportent mal la comparaison. Strange Brotherhood marque la fin d’une époque, avec le départ de Robert Heaton, membre fondateur du groupe. S’il a été enfanté dans la douleur et la sueur, les graines dispersées à cette occasion permettront à New Model Army de retrouver un deuxième souffle, dès l’album suivant, Eight, qui annoncera une véritable renaissance.

- JP, le 21 12 2007

Réactions

par Guillaume, le 28/11/2008
Le moins bon album de NMA à mon sens,car trop décousu et manquant un peu d'énergie...reste qu'il se bonifie avec le temps et que certains morceaux sont tout de même très bons:

"Headlights","Wonderful way to go","No Pain","Long goodbye"...

Sinon,très bonne chronique!
vivement la critique des autres albums de NMA!!

Multimedia:

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