Difficile de décrire le sentiment qui se dégage de ce EP beaucoup trop court (comme toute chose de qualité, cela va de soi). Une sorte de plénitude contemplative qui touche dès les premières notes ambiantes de 27:36 (qui n'indique pas une référence à une parabole sur Jésus ou Moïse, mais simplement la durée du disque). Ce groupe de Virginie au nom Kafkaïen s'intéresse exclusivement à sa musique : pas de titre, quasiment aucun crédits, bref place au son.
"Untitled 1" tente l'approche en douceur sur des arpèges cotonneuses de guitares et claviers, une douce voix éthérée évoquant des groupes tels que Mùm, entrée réussie. "Untitled 2" lui commence sur des bases assez classiques, guitare-clavier-voix lointaine (on peut penser à Sigur Ròs ou The Album Leaf), puis le titre va se jeter tête baissée dans un mur de guitares cristallines d'une beauté céleste. Bien entendu, on pense aux maîtres du genre, Godspeed, mais ici le ton est différent, moins engagé politiquement, plutôt une invitation aux plaisirs des sens : un titre pour épicurien. Enfin approchent les 11 minutes de "Untitled 3", le ton évoque également une rencontre entre les islandais sus-mentionnés, L'Altra ou les climats éthérés de Radio Dept. voire de Slowdive. Deux voix se mélangent à merveille puis s'en vont se lover dans des accords de guitares qui résonnent en nous comme un vieil ami. Tellement qu'on en a les larmes aux yeux d’entendre ces auteurs inconnus nous rappeler ces notes qui nous semblent si familières, presque nostalgiques. Comme si c’était toutes nos années d'enfance que l'on retrouvait, les sons, les odeurs...
Gregor Samsa réussi avec ce EP à chambouler (un petit peu) le monde du Slowcore, de se détacher de la masse ambiante de prétendants au trône du genre, en proposant une vision délestée d'idéaux permettant de mieux se concentrer sur ses propres émotions.
De bons titres téléchargeables par ici.
- le sto, le 31 08 2007