C’est tellement facile de pondre un album correct après un étron de la trempe de Golden Age of the Grotesque, c’en est agaçant. Parce que oui, ce nouveau Marilyn Manson est presque écoutable, à condition d’avoir dix-huit ans ou de n’être pas trop farouchement opposé à l’idée de faire semblant l’espace de quelques minutes. L’atmosphère générale se situe entre les penchants glamouzes de Mechanical Animals pour les compos et le son plus décharné mais o combien classieux d’Holy Wood, sans pour autant laisser tomber certains des aspects cabarets effleurés en théorie dans l’insipide Golden Age. Certains morceaux laissent également pointer une sensibilité se rapprochant d’une pop 80’s dont je laisserais à chacun le soin d’apprécier la pertinence.
C’est en tout cas un album qui ne satisfera personne pleinement. Trop soft pour les fans, trop Manson pour les réfractaires, trop de solos de guitares, trop de voix nasillarde, trop de clichés et de redites. Mais on se surprend à fredonner très rapidement les refrains, à esquisser un ou deux pas de danse en attendant le bus, à sourire sur quelques plans bien sentis et au final, à bien aimer l’album envers et contre tous.
En bon vieux bourrins, on regrettera qu’aucune « Fight Song » ou « Mobscene » ne vienne égailler ce recueil de ballades glam que plus d’un groupe permanenté auraient rêvé de pondre, mais peu importe. La voix de Marilyn Manson aura déjà eu raison de pas mal d’entre nous bien avant d’en arriver à ces considérations, bien plus seyante sur du gros rock qui tache que sur des morceaux sentimentaux tendance puberté laborieuse. Bah, bref, du gentil méchant rock pour ado, pas vraiment raté, mais trop typique pour emporter de plus larges suffrages. On s’inquiètera au passage du peu de soin apporter à l’habillage du produit, habitués aux délires ésotériques d’antan et on passera sous silence le remix dance dégueulatoire qui clôt l'album, so '93!!! Be emo or die.
- lina b. doll, le 2 08 2007