Callahan, Bill > Woke on a Whaleheart

Woke on a Whaleheart
4.2007
Notation
Rock   Pop   Folk

On peut difficilement appeler Woke on a Whaleheart "le premier album solo de Bill Callahan", tellement Smog, le groupe qu’il mène avec talent depuis plus de 15 ans, est sa créature. Toujours est-il que sous cette nouvelle appelation, le Texan nous propose quelque chose de radicalement différent de son prédécesseur - le presque parfait A river Ain’t Too much to Love, sorti en 2005.

Première surprise, la production, à mettre au crédit de Neil Michael Hagerty, est des plus désastreuses, comme sur "Footprints", qui semble sortir tout droit du début des années 90 - faute peut-être à un backing band des plus quelconques ou à un songwriting dépassé. La musique n’a aucune substance, aucune aspérité, et la pauvreté des mélodies fait froid dans le dos, laissant une impression de mauvais goût difficile à dépasser tout au long du disque.

Ironie du sort, sur cet album labellisé "Bill Callahan", le seul qui ne semble pas être à sa place est justement ce dernier, arrivant comme un cheveu sur la soupe dans cette galère, comme si on parachutait Shannon Wright sur un album de Norah Jones. Il est donc assez difficile d’écouter Woke on a Whaleheart sans ressentir un certain malaise, la voix grave de Bill Callahan faisant vraiment tache sur des morceaux instrumentaux d’un goût aussi douteux que "Diamond Dancer", qui se rapprochent de la pop la plus mièvre, voire de la disco (genre "Let’s Dance" de David Bowie) pour ce dernier.

Dans l’ensemble, les morceaux ont une tonalité plus insouciante que jamais, même si musicalement il n’y a pas grand-chose à sauver : une batterie souvent binaire, des mélodies sirupeuses déjà mille fois entendues, et des arrangements musicaux aussi subtils qu’un folk/pop « middle of the road » d’il y a 15 ans. On est plus proche de Chris Rea ou Tom Petty que du brillant songwriting habituel de Smog, le résultat étant aussi criard que la pochette du disque. Bref, il ne reste plus qu’à espérer que Woke on a Whaleheart n’est qu’une parenthèse dans la carrière de Bill Callahan, voire une mauvaise blague, plutôt qu’une nouvelle orientation artistique...

- JP, le 15 05 2007

Réactions

par Chris, le 22/05/2007
"Sycamore" est un pur joyau, et la voix de Bill sur des arrangements un peu plus touffus me fait réellement vibrer. Dommage qu'il y ait quelques titres plutôt moyens, voire en-deça du génie Callahan. Enfin, vaut le coup pour qques titres tout de même... et puis, il ne va pas faire du Smog toute sa vie!
par runeii, le 18/05/2007
Trop sévère je trouve... des morceaux comme "Sycamore" gardent cette patte inimitable des vieux Smog, certes un ton au dessous des derniers essais, mais peut-être qu'on peut reprocher à Bill de devenir trop heureux sur certains titres (paraît-il qu'il fricote avec Joanna Newsom), d'où le côté "Let's dance" Bowiesque, assez quelconque c'est vrai.