Lorsque les aspirations turbulentes et criardes de Björk côtoient une super-production pop, le résultat n'est pas toujours aussi majestueux que prévu. Ainsi, les quelques titres réalisés en collaboration avec Timbaland et attendus par toute la presse avec une dévotion gagnée d'avance, sont finalement ceux dont ont se lassera le plus vite sur ce 6ème album. Car enfin, comme un met précieux, il est fort probable que la voix de la Diva islandaise ne s'apprête pas avec une sauce ordinaire.
Au contraire, le timbre cristallin de Björk flirt merveilleusement avec la voix capiteuse d'Antony, réalisant sur deux titres un chaud-froid aussi délicieux qu'une coupe Danemark, ou qu'une glace sur son lit de framboises brûlantes. Cette collaboration supplémentaire (puisque les albums de Björk ne sont fait plus que de ça), s'avère ainsi nettement plus douce à nos oreilles.
Toutefois, sur Volta il n'est pas seulement question de douceur. A l'image du packaging très tribal, cet album se présente comme un cri de liberté et un manifeste paganiste pour un retour à la terre. Ainsi, comme pour mieux affirmer cette volonté, la chanteuse sollicite la participation de plusieurs musiciens africains, parmi lesquels Konono N°1 et Toumani Diabaté. Cela dit, leur travail largement réappropriée par Björk, s'avère relativement marginalisé et n'apporte pas véritablement le sentiment d'une grande métamorphose dans les compositions de Volta.
Ainsi, ce disque est surtout l'occasion de nombreuses réminiscences des albums passés : "Innocence" évoquera ainsi sans équivoque le fameux "Big Time Sensuality", tandis que "Pneumonia" nous rappelle d'anciens morceaux d'avantage intimistes comme "Anchor Song". Plus flagrants, les samples de "Vertebra by Vertebra" (c'est à dire les trois-quarts de la chanson) sont directement issus de l'album Drawing Restreint 9. Dès lors, Volta laisse parfois en bouche comme un goût de déjà -vu.
Enfin, en pleine crise d'adolescence, Björk appelle à lever les drapeaux de la révolution, dans un titre intitulé "Declare Independance", qui aurait pu être écrit par PJ Harvey. Cette parenthèse punk est certes rafraîchissante et agréable, mais là encore l'Islandaise semble puiser dans un passé qui ne lui appartient plus.
Au final, sous couvert d'un album plus "physique et plus primitif que jamais", Volta n'apporte rien de nouveau, en regard des précédents albums et de l'incroyable parcours de Björk. De son ouverture trop clinquante, à sa clôture certes plus intimiste (qui cependant ne vaut pas "All is full of love"), l'extase n'est plus vraiment au rendez-vous.
L'intégrale de Volta est en écoute sur le site NME, seule condition : s'enregistrer préalablement.
- sai real, le 15 05 2007