Björk > Volta

Volta
5.2007
Notation
Electro   Pop   World/Ethno

Lorsque les aspirations turbulentes et criardes de Björk côtoient une super-production pop, le résultat n'est pas toujours aussi majestueux que prévu. Ainsi, les quelques titres réalisés en collaboration avec Timbaland et attendus par toute la presse avec une dévotion gagnée d'avance, sont finalement ceux dont ont se lassera le plus vite sur ce 6ème album. Car enfin, comme un met précieux, il est fort probable que la voix de la Diva islandaise ne s'apprête pas avec une sauce ordinaire.

Au contraire, le timbre cristallin de Björk flirt merveilleusement avec la voix capiteuse d'Antony, réalisant sur deux titres un chaud-froid aussi délicieux qu'une coupe Danemark, ou qu'une glace sur son lit de framboises brûlantes. Cette collaboration supplémentaire (puisque les albums de Björk ne sont fait plus que de ça), s'avère ainsi nettement plus douce à nos oreilles.

Toutefois, sur Volta il n'est pas seulement question de douceur. A l'image du packaging très tribal, cet album se présente comme un cri de liberté et un manifeste paganiste pour un retour à la terre. Ainsi, comme pour mieux affirmer cette volonté, la chanteuse sollicite la participation de plusieurs musiciens africains, parmi lesquels Konono N°1 et Toumani Diabaté. Cela dit, leur travail largement réappropriée par Björk, s'avère relativement marginalisé et n'apporte pas véritablement le sentiment d'une grande métamorphose dans les compositions de Volta.

Ainsi, ce disque est surtout l'occasion de nombreuses réminiscences des albums passés : "Innocence" évoquera ainsi sans équivoque le fameux "Big Time Sensuality", tandis que "Pneumonia" nous rappelle d'anciens morceaux d'avantage intimistes comme "Anchor Song". Plus flagrants, les samples de "Vertebra by Vertebra" (c'est à dire les trois-quarts de la chanson) sont directement issus de l'album Drawing Restreint 9. Dès lors, Volta laisse parfois en bouche comme un goût de déjà-vu.

Enfin, en pleine crise d'adolescence, Björk appelle à lever les drapeaux de la révolution, dans un titre intitulé "Declare Independance", qui aurait pu être écrit par PJ Harvey. Cette parenthèse punk est certes rafraîchissante et agréable, mais là encore l'Islandaise semble puiser dans un passé qui ne lui appartient plus.

Au final, sous couvert d'un album plus "physique et plus primitif que jamais", Volta n'apporte rien de nouveau, en regard des précédents albums et de l'incroyable parcours de Björk. De son ouverture trop clinquante, à sa clôture certes plus intimiste (qui cependant ne vaut pas "All is full of love"), l'extase n'est plus vraiment au rendez-vous.



L'intégrale de Volta est en écoute sur le site NME, seule condition : s'enregistrer préalablement.


- sai real, le 15 05 2007

Réactions

par Piroctet, le 29/06/2007
Il y a vraiment trop un aspect copié-collé de Homogenic pour que j'apprécie vraiment cet album (Wanderlust, All Neon Like,...). S'il n'est pas mauvais, je le trouve trop convenu pour du Björk. Il faut dire qu'on en attend tellement à chaque fois aussi, nous sommes un peuple difficile...
par Bruno, le 3/06/2007
C'est la première fois que je ne suis pas surpris par album de Bjork. Effectivement, Volta ressemble plus aux disques précédents de la chanteuse (entre Debut et Post !). Pour autant le disque reste bon et a au moins le mérite d'être plus accessible que Medulla. Certains titres dont les grosses productions sont bons et envoutants.
par rocknrollbobo, le 18/05/2007
Etonant, on ne parle pas une seule fois de (hope et wanderlust), dans ces lignes. Qui sont pour moi deux morceaux terribles, je pourrais me les passer en boucle. Cela reste un enorme album.
par KlerG, le 16/05/2007
Bravo pour la pochette qui entre directement dans mon Top 10 des pires horreurs de ma discothèque!
par Feira, le 16/05/2007
Je suis tout à fait d'accord avec cette très bonne chronique. Les titres dont on fait tout un plat sont assez moyens, et l'ensemble du disque n'innove pas tant que cela.
Mais comme à chaque album de Bjork, tous les critiques se sentent obliger de crier au miracle, que la "diva islandaise" (ce terme!) est la meilleure du monde et qu'elle va leader la musique pour les 5 ans à venir! Eh bien non, Bjork fait de très bons disques et des moyens, celui-ci appartient à la deuxième catégorie. Même s'il faut reconnaître des traits d'une grande qui risque d'être, à vie, à l'abri de la médiocrité!