Dans la catégorie des groupes qui ont bien aimé Neurosis et qui n’aspirent pas à grand chose d’autre qu’à en réaliser une imitation aussi digne que possible, Minsk vise plutôt juste. Sans doute suis-je particulièrement bon client pour un tel album dans la mesure où il m’évoque directement Through Silver in Blood, l’album de Neurosis qui dépasse le plus allégrement l’entendement humain à mon humble avis. Les vibrations chtoniennes des percussions tribales confèrent à ce disque des vertus expectorantes dont peuvent à peine rêver la majeure partie de cette scène de pacotille machin-truc-post-chose. Minsk est épais, inspiré, souvent bordélique, et le plaisir d’enfin effleurer à nouveau une densité comparable au monument précité suffit amplement à me combler. Le groupe revendique ceci dit des influences bien plus larges, les citations d’Hawkwind et Uriah Heep en interviews justifieront par exemple ce vertige psyché qui fait son chemin au fil des morceaux. Je déplore néanmoins une production peu réfléchie malgré sa puissance, notamment quelques fioritures et bruitages dont on se serait volontiers passer, et en particulier ce bruit de lecteur cd qui saute qui revient plusieurs fois au cours du disque… Bémol futile s’il en est, procès d’intention peut-être, mais à moyen terme, ce genre d’erreur disqualifie The Ritual Fires of Abandonment de l’âpre lutte pour la survie dans la jungle de mon étagère. Tant pis, j’aurais passé un très bon moment en sa compagnie, les amateurs du style en feront autant.
- lina b. doll, le 10 05 2007