La première chose qui frappe sur ce nouveau Dälek, c’est qu’il ne s’y passe strictement rien et qu’on s’y ennuie sévèrement. Le constat aurait pu être sans appel si j’avais décidé de me voiler la face et de prétendre qu’Absence était un album foisonnant… Soyons lucides, Absence était un rouleau compresseur psychorigide, mais il ne s’y passait, en termes de composition, pas grand chose. Voilà pourquoi je m’abstiendrai d'intenter un procès hâtif à ce Abandoned Language sous prétexte qu’on s’y emmerde comme un dimanche.
Comme le laissait augurer Streets All Amped, le EP relativement confidentiel sorti en 2006 (en vinyle uniquement, pour autant que je sache), Dälek calme le jeu. Le beat revient même à une forme d’académisme hip-hop finalement pas désagréable, tandis que les samples mettent de côté l’agression sulfureuse et sans concession d’Absence au profit d’une mélancolie sans issue. Force est de constater que… c’est beau. Faisons tous ensemble notre deuil de la puissance de frappe de son prédécesseur, mais reconnaissons à Abandoned Language au moins une qualité : la substance sonore n’a rien perdu de son opacité et de sa puissance émotionnelle suffocante.
Alors bon, même s'il est difficile de se faire une opinion définitive, Abandoned Language n’aura certainement pas l’impact qu’a pu avoir Absence sur ses frêles auditeurs. Il manque à cet album des morceaux vraiment marquants, une apothéose de la trempe d’« Opiate the masses », en somme quelque chose qui donnerait envie d’y revenir. Pour ma part, c’est la déception qui l’emporte, et seul le magnifique « Content to play villain » saura me donner l’envie de m’y replonger occasionnellement.
Quoiqu’on en dise et quelles que puissent être les réserves sur ce nouvel album, Dälek demeure une référence indispensable et un pilier de la musique indépendante, faut-il le rappeler ?
- lina b. doll, le 10 05 2007