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s/t
1.2007
Notation
Rock   Francophone

Ce groupe ne vous dit encore certainement rien, à moins que le hasard (s’il existe), lors de vos pérégrinations scéniques, ne vous ait porté à lui. Créé en 2004, Arpenteur est un trio français auteur d’un rock à textes, emprunt d’un univers fantasmagorique et prenant, de prime abord en version technicolor hallucinée.

Mais cette première impression enjouée laisse vite la place aux «ombres bavardes» – pour citer une image présente sur le titre «L’arbre millénaire», l’un des deux très bons morceaux de ce maxi, avec «Métropolis». Les textes sont ainsi l’atout essentiel de ce groupe prometteur. Un fantastique à la Tim Burton se dessine dans nos têtes au fil du disque, avec ses questions récurrentes: Où sont et qui sont les vrais monstres?

Musicalement, le trio assure un rock efficace, structuré autour d’un line up classique: guitare, basse, batterie. Le groove assez porteur de l’«Etrange St Valentin» propose une boucle rythmique samplée et laisse place à des nappes synthétiques, rêveuses et bienvenues. Au niveau des points faibles, mentionnons les deux premières chansons, qui provoquent un sentiment d’inabouti. En fait, la voix ne semble pas avoir assez de temps pour poser toutes les syllabes, ce qui donne un côté nerveux et expéditif qui ne met pas le verbe assez en valeur.

Le résultat global sur le plan de l’équilibre acoustique s’améliore net avec le morceau phare «Métropolis». Ce dernier fait évidemment écho au film de Fritz Lang et mène Arpenteur, par la voix du Docteur Pi (le chanteur/ guitariste), à fuir l’acier et la silice: «Nous autres on reste ici, parmi les farfadets, les lutins et les fées. Loin des monstres d’acier et loin de leurs cités».
C’est cet univers décalé, cette échappatoire virtuelle à la grisaille ambiante qui caractérise le groupe. Un monde mythique où même les contes de fées se teintent d’allusions menaçantes: «Blanche-Neige, un hachoir à la main (…) Blanche? Tout le monde sait que la neige est grise…»

Au final, Arpenteur n’apparaît pas si «à l’ouest». Il véhicule une lucidité poétique et sarcastique face à un monde déshumanisé. Une féerie tâchée de sang, pour mieux déchirer le voile chimérique qui flotte encore et toujours devant nos yeux aveuglés par les néons aux grésillements pénibles. À suivre.


- yak, le 23 04 2007