Sorti idéalement avant noël, j'ai bien entendu déclanché mon réflexe pavlovien de : "Ah tiens, voilà le nouveau best of des Beatles". Confusion aisément pardonnable, tant il est vrai que la couleur jaune-rouge est la couleur officielle des greatest hits des Fab Four depuis 1. Et puis évidemment on apprend, non sans surprise, qu'il s'agit bel et bien d'un nouvel album des Beatles (rires)! Ouvrons donc les oreilles sur cette "authentique expérience sonore" (cf. le sticker).
Vous le savez, je ne vous apprend rien, c'est pour le Cirque du Soleil que les deux vivants et les deux veuves ont demandé au père Martin et à son rejeton de mixer les bandes des scarabées pour en sortir le présent objet. Comme le dit Sir George Martin : "initialement, cette musique a été conçue pour le spectacle "Love" mais, nous avons créé un nouvel album des Beatles". Donc, attention ça va faire jurisprudence, prendre les différentes pistes enregistrées et les mettre ensemble différemment c'est créer un nouvel album! Avis aux remixeurs. Car on crie au génie (cryogénie ?), mais au fond, papy Martin n'a fait qu'une simple chose : un remix! Certes il a osé le faire sur les Beatles, mais il suffit d'écouter The Grey Album de DJ Dangermouse, qui mixe les paroles du rappeur Jay-Z avec les compositions du mythique White Album pour comprendre que le train de la pseudo-révolution a déjà passé depuis un moment!
Bon on ajoutera que pour encore améliorer cette "authentique expérience sonore", le simple pékin que nous sommes sera heureux de savoir que c'est le premier album des Fab Four en 5.1! La belle affaire, c'est aussi intelligent que d'admirer une œuvre d'Egon Schiele avec des lunettes 3D!
Yoko Ono bloquée dans ces révolution florale version 68 n'a pu s'empêcher de décrire ce truc aux conférences de presse vantant l'objet comme "un album transpirant l'amour, c'est la raison pour laquelle il a été baptisé Love". Hum ! Mais réjouissons-nous tout de même : aucun son n'a été ajouté. C'est vrai qu'on n'est pas passé loin de l'orchestre symphonique enregistré en 2006 qui aligne de nouvelles parties de cordes pour alourdir la mayonnaise!
En guise de conclusion de cette chronique d’un parfait vieux con, je citerai l'humble Gilles Martin : "Depuis quatre décennies, chaque écoute d'un disque des Beatles réserve son lot de nouvelles surprises. On imagine qu'il faudra au moins quarante années supplémentaires pour faire le tour de Love". A Musique-chroniques c'est quarante secondes qu'il aura fallu à Love pour réaliser la performance 7ème étage – écrasement par une voiture!
- le sto, le 24 01 2007