Après avoir écouté Dead Can Dance, on est frappé par le changement qu'opère Spleen and Ideal, tant au niveau du son qu'au niveau de l'habillement des morceaux et des compositions. Le ton est immédiatement plus chaud, d'une envergure jamais imaginée jusqu'ici pour le groupe. Les voix de Lisa Gerrard et Brendan Perry ne font pas que prendre de l'assurance, elles s'élèvent tant la mesure est aérienne. Les rythmiques plus terriennes du premier album laissent place aux nuages de ce nouvel opus à l'énigmatique pochette.
Le cap est donc mis sur l'émancipation, dès les premières secondes de "De Profundis", on comprend que la donne a changé. On accède directement à un mysticisme empreint de sacralité. Le rock perd beaucoup de place et se voit remplacer par des partitions classico-gothique cuivrées. Mais durant les premiers titres, le groupe semble en peine à trouver sa nouvelle voie, un titre comme "Circumradian Down" donne la désagréable sensation de stagnation, ne mettant pas en avant la belle voix de Lisa Gerrard. C'est à partir de "Mesmerism" que Spleen and Ideal prend son envol. On se trouve à la croisée des chemins entre leur ancienne vie et cette nouvelle peau, le tempo est encore axé cold/new wave mais l'épaisseur des arrangements donne à ce titre et ses suivants une puissance que n'avait pas réussi le premier album, principalement par faute de moyens. Si "Advent" et "Avatar" auraient pu figurer sur Dead Can Dance, la clôture mélodique et mélancolique de ce disque charnière chantée magnifiquement par Brendan Perry ("Indoctrination") nous indique que plus rien ne sera jamais comme avant.
Dead Can Dance a entamé sa mue avec cet album, de groupe mythique, celui-ci va devenir mystique, intemporel et va ouvrir les portes à toute une série d'artistes et de public étriqués dans leur carcan gothico-new wave. Mais s'il n'est pas à proprement parler un album de transition, on le sent malgré tout un peu à la croisée des chemins, comme si le vilain petit canard se trouvait tout à coup en possession d'ailes en or et ne savait encore bien comment s'en servir.
- le sto, le 18 01 2007