Comment ne pas, à l’écoute de Beirut, songer à Goran Bregovic ou Emir Kusturica ? En effet, les teintes balkaniques de cet album nous évoquent fortement l’Est européen dans toute sa splendeur. C’est pourtant de l’Ouest que nous vient ce groupe repéré par 4AD, de Santa-Fé au Nouveau-Mexique. Zach Condon ayant traversé l’Europe avant l’âge de sa majorité en a ramené l’esprit jusque dans ses chaudes contrées. Car Beirut est l’affaire d’un seul homme âgé d’à peine 20 printemps. C’est dire que le garçon a encore de l’avenir...
Au programme : trompettes, ukulele, piano, orgue, accordéon, mandolines et violons pour mettre en fête la voix jeune et émotive de Zach. La fanfare balkanique se fait parfois bruyante (« Brandenburg » ou « Bratislava »), parfois elle peut tirer quelques larmes (« Prenzlaurberg », « Canals of Our City ») ou mettre simplement dans un état de joie naturelle par la simple beauté d’un titre (« Postcard from Italy »). Et puis « Mount Wroclai » pourrait figurer en bonne place sur un faux album que Yann Tiersen aurait réalisé avec The Divine Comedy.
Une édition limitée contient Lon Gisland EP, cinq titres ne dépareillant pas de Gulag Orkestar. Fanfaronnades et douceurs se feront un agréable complément au disque principal. On s’accrochera particulièrement sur le magnifique « Scenic World ».
Reste que si plusieurs titres sont de véritables petits joyaux, on peut avoir le sentiment de peiner sur la fin du disque ; comme si l’essentiel était dit en première moitié et que l’autre partie faisait un peu dans une simili-redite. Mais soyons indulgents, il est difficile de remplir un album de chef-d’œuvre, surtout quand c’est le premier et qu’on le fait presque tout seul. Gulag Orkestar est un disque beau, touchant et dansant dont il serait bien bête de passer à côté.
- le sto, le 5 01 2007