Proche de Sufjan Stevens, pour qui elle a déjà fait des premières parties, la charmante Shara Worden aka My Brightest Diamond a finalement sorti son premier album. Sur le papier, il faut bien admettre que le programme est alléchant ! On nous promet carrément un impact digne de quelques prêtresses du rock popeux au féminin comme Björk, Beth Gibbons ou PJ Harvey, avec un petit détour chez Mozart et Debussy…
La jeune femme a en effet une formation classique de cantatrice et c’est sans surprise que la voix constitue l’élément principal de ses compositions très léchées. La guitare électrique est aussi très présente et un quartet de cordes se fait entendre par ci, par là ; oui, vraiment tous les ingrédients indispensables à la production de tout bon disque pop-rock qui se respecte !
Hélas, on retombe très vite sur terre pour, petit à petit, commencer à passablement s’ennuyer. Eh non..., les hauteurs promises ne sont pas atteintes, mais alors pas du tout ! La chanteuse maîtrise ses cordes vocales à la perfection, certes, mais elle semble franchement très loin de lâcher tout son potentiel artistique. Une légère frustration est ainsi clairement audible, tant les émotions pures que Shara Worden tente de transmettre sont inhibées par un genre qui permet difficilement le lyrisme d’opéra sans tomber dans le grotesque kitsch – ce dont elle nous a fort heureusement épargné. Les arrangements, quant à eux, sont assez conventionnels et le son, trop clean pour être honnête, ne permet décidemment pas de remonter la moyenne.
C’est seulement sur deux ou trois morceaux à l’habillage plus trip-hopesque que l’intérêt de l’auditeur se ravive («Disappear» ou «Magic Rabbit»). Il faut patienter jusqu’au dernier titre, «Workhorse», pour que la musicienne nous fasse l’honneur d’un morceau vraiment prenant. Un peu tard, désolé…
- yak, le 4 12 2006