Jansch, Bert > Black Swan

Black Swan
9.2006
Notation
Rock   Folk   Jazz/Blues

L’Ecossais Bert Jansch enregistre des disques depuis plus de 40 ans, en dehors des radars, un des derniers dinosaures au même titre que Bob Dylan ou Neil Young, qu’il n’a jamais égalés par le succès. Ce dernier a d’ailleurs été très influencé par l’Ecossais, qu’il nommait le « Jimi Hendrix » de la guitare acoustique. Son jeu en picking a influencé bon nombre de grands guitaristes comme Jimmy Page ou Nick Drake. Il a eu des débuts modestes : enregistrant son premier album en 1965 sur un magnétophone avec une guitare empruntée (à cette époque, les salles devaient lui prêter une guitare pour les concerts !). Il vendit les bandes 100 livres à une maison de disques. Le succès hors de ses frontières viendra plus tard en créant le groupe Pentangle qu’il formera avec John Renbourn, autre virtuose de la gratte.

Avant d’écouter Black Swan, je n’avais jamais entendu parler de Bert Jansch, son curriculum vitae n’a ainsi pas influencé ma réaction après quelques minutes d’écoute : j’ai été captivé par le côté intemporel de cette musique, sa beauté simple et évocatrice, si aisément au-dessus du lot. Influencé notamment par le bluesman Big Bill Broonzy, il sort de sa guitare des notes chaudes et organiques, mettant davantage en avant son feeling et sa classe que sa virtuosité.

Sur Black Swan, Bert Jansch s’entoure d’invités qui ne dépareillent pas malgré le fossé des générations. Beth Orton chante sur trois reprises de chants traditionnels, sa voix légèrement éraillée s’accorde à merveille à ces vieilles chansons bluegrass et folk ; que ce soit la grâce absolue du gospélien "Watch The Stars", le désespoir glaçant du classique bluegrass "Katie Cruel", enchevêtrement de voix fantômatiques (« When I first came to town / They called me the roving jewel / Now they’ve changed their tune / They call me Katie Cruel »), ou encore le côté réflectif de "When the Sun Comes up" et son slide guitar aérien, ces trois morceaux fabuleux valent à eux seuls l’achat de ce disque.

Outre les reprises de chants traditionnels (ajoutons l’instrumental "Magdalina’s Dance", au banjo et à la flûte), Bert Jansch nous livre huit nouveaux morceaux de son cru. La chanson éponyme est tout de calme et de volupté : un jeu de guitare en picking des plus lumineux, accompagné par un violoncelle évoquent les espaces infinis. Le côté rock’n roll de "Texas Cowboy Blues" se veut une attaque à peine voilée contre le cowboy le plus puissant de la planète. Bref, vous l’aurez compris, si le propos est varié, la qualité reste très stable, largement au-dessus de la production folk actuelle. Black Swan respire l’authenticité et sera toujours aussi bon dans dix ou vingt ans. Indispensable.

- JP, le 29 11 2006

Réactions

par gauthe, le 10/03/2007
the black Swann est un rappel à l'ordre pour ceux qui encensent johnny halliday et Schmoll ; Bert Jansch joue de la guitare, mais il en joue extrêmement bien, comme il l' a toujours fait, avec la bonne idée d'appeler à la rescousse des pointures trop souvent ignorées.
Le TOP comme Paco de Lucia John Mac Laughlin ou Aldo di Meola
Jacques
par runeii, le 30/11/2006
Cet excellent disque de folk épuré compte un véritable joyau : « Katie Cruel », co-interprétée par Beth Orton. Cette chanson mythique est née au début de seventies de Karen Dalton, icône folk féminine oubliée à redécouvrir ; une réinterprétation par Nick Cave & the Bad Seeds sur « Henry’s Dream » en vaut aussi le détour (intitulée « When I First Came to Town »). The Black Swan comporte aussi des invités de haut vol, comme Otto Hauser et Helena Espvall du groupe psyché-folk Espers.