Découvert avec un peu de retard, la faute à une écoute du split avec Ventura qui ne m’avait pas enchanté, je me dois de faire amende honorable vis-à -vis d’un disque qui compte parmi les plus abrasifs que j’aie entendu ces derniers mois. Car ce disque est grand et représente définitivement tout ce que le hardcore new school peut incarner de grandiose pour moi, quelque part entre screamo et grind.
L’album démarre sur les chapeaux de roue avec les 17 secondes de « Prompt » (le bien nommé) en guise d’introduction au très rentre-dedans « Mine de Rien », tube annoncé de l’hiver post-nucléaire, et promet d’emblée une intensité qui ne faiblira que lorsqu’il s’agira d’insuffler une sérénité post-mortem à l’auditeur éreinté par l’album. Un album à première vue totalement indigeste, au son extrêmement cru, peut-être à cause de l’absence de basse, peut-être aussi parce que les compos peuvent paraîtrent très alambiquées. Du moins c’est la première impression que peut donner la rythmique syncopée et brutale, qui rappellera volontiers les groupes les plus torturés du style.
Si Cortez semblent avoir misé entièrement sur l’agression, il serait regrettable de passer à côté de la qualité de morceaux dont certains évoquent les formes les plus abstraites d’un psychédélisme moderne par la superposition cacophonique d’éléments a priori antithétiques, tel le piano qui se pose comme un cheveux doré sur la soupe à la grimace d’« El Vetic ». Cortez reprend là où, deux ans auparavant, on attendait toujours Shora, pour ceux qui ont connu leurs débuts. Un album essentiel, éprouvant et manifestement cathartique, à l’image de sa pochette, une des plus réussies qu’il m’ait été donné de voir. Un très, très grand disque, déconseillé aux oreilles chastes.
- lina b. doll, le 17 10 2006