Des guitares grinçantes en apesanteur pendant que s’effondrent des piliers métalliques de plusieurs tonnes et que résonnent des voix d’outre espace. Un instrumental trip-hop aux relents industriels pourvu d’un groove sismique. Un morceau rituel aux influences orientales sur fond de craquements semi-organiques et de voix de bonze prêchant l’apocalypse. C’est le contenu de cet EP composé de trois morceaux, trois « niveaux » liés à la démarche o combien nihiliste (sic) entamée depuis déjà deux albums par ce groupe capital de la scène métallique européenne.
Mais ne partez pas, de metal il ne reste que le nom, car un peu à la manière d’un Devin Townsend, ou plus récemment d’un Jesu, Blut Aus Nord a fait le pari d'explorer les contrées les plus atmosphériques d’un style à la créativité piétinante. Seulement, BAN est un suppôt de la force obscure qui ne recule devant aucune aberration pour glacer le sang de son auditeur. Pas même devant le mélange des genres, c’est vous dire.
Dommage que ce disque, dont l’ambition louable était sans doute un élargissement d’horizon et l’exploration de nouveaux territoires, peine à égaler la prétention affichée. Les morceaux sont bons mais manquent de densité, et sont donc loin d’être renversant pour quiconque est un minimum initié aux différents styles proposés, respectivement black metal, trip-hop/dub et dark ambient. Néanmoins la construction du disque est une réussite et il s’agit bel et bien d’un trip rapide d’un enfer à l’autre, tant il sera difficile de décerner la palme du lugubre à l’un ou l’autre morceau. Le sentiment qui règne à la fin de ce disque, outre une inexplicable envie d’y retourner, est surtout celui-ci : où Blut Aus Nord, qui ont déjà démontré par quatre fois leur capacité à pondre des albums parfaits de bout en bout, nous emmèneront-ils après cet EP exploratoire mais un peu mitigé. La réponse en septembre.
- lina b. doll, le 27 07 2006