Cet objet est énorme. Grande rétrospective pour les 20 ans de carrière du groupe le plus à côté de la plaque de la galaxie, cette œuvre bicéphale, à l’image du groupe, est constituée d’un disque regroupant grosso modo un morceau de chaque album des Melvins (18 titres en tout), et d’un livre de plus de 200 pages incluant notes biographiques, interviews, des tonnes de conneries pures et simples, et surtout la plupart des artworks des albums du groupe ainsi que de nombreuses variations… Vaguement malsain, iconoclaste, résolument rock’n’roll, en un mot : Melvins.
Ce qui est bien, avec cette compile, c’est qu’on s’épargne les moments franchement barbants qui ne manquent jamais d’intervenir sur les albums, étant donné la très judicieuse sélection. On navigue d’un bout à l’autre sans cette furieuse envie de zapper qui vous rappelle que vous êtes en train d’écouter les parrains de toutes une clique de groupes dont le cheval de bataille est l’expérimentation metallo-noisy sans compromis ni discernement, de Fantomas (forcément) à Sunn O))), en passant par Boris ou même Tool.
Tout ce qu’il nous reste à dire pour conclure, c’est qu’aussi détestable puissent-ils être, aussi poussifs que soit leur musique, ou pire, leurs albums, aussi pourrie que soit la coupe de cheveux de King Buzzo, les Melvins sont le groupe le plus cool de la planète et ceci ne saurait être contesté que par des individus frappés d’une carence humoristique sérieuse. “All I can say is, don’t blame us for grunge. I think we could wait all day long, and we still wouldn’t get any royalties”… Comment voulez-vous résister à une verve de sniper pareille ; le seul commentaire que lui évoque Kurt Cobain, c’est qu’il faisait bien le café et les sandwichs… Haïssables iconoclastes, je vous disais, les plus dangereux. Quant à la musique, dont j’ai bien peu parlé au final, elle est exactement ce qu’on peut attendre de tels larrons : débridée et grandguignolesque.
Profitons enfin de signaler le très sympathique dossier rétrospectif sur le groupe, paru dans le dernier Versus mag, réalisé par la très honorable, quoique amoureuse de King B, Françoise Massacre, qui répondra sans doute à toutes les questions que vous vous poseriez encore sur le groupe le plus cool de… Bon d’accord j’arrête.
- lina b. doll, le 24 07 2006