Ephel Duath est un jeune groupe italien au parcours musical plutôt atypique. Lorsque leur premier album est sorti, tout le monde les as considéré comme un groupe de black metal sophistiqué de grande qualité, malheureusement bien trop synthétique pour moi. Après un passage à vide de plusieurs mois et une refonte complète du personnel, à l’exception de la tête pensante, le groupe livrait ce deuxième opus, qualifiable, un peu à l’emporte-pièce, de jazz-core, auquel se mélangeraient quelques éléments dub/electro.

Premièrement, le niveau technique des intervenants est démentiel, à l’exception du chanteur en voix claire néo-metal d’un goût vraiment douteux (c’est d’ailleurs le premier point noir du disque, profitons de le mentionner), et ce niveau technique n’est pas là pour faire de l’épate mais pour servir des compos véritablement ambitieuses. Le groove des parties hurlées, assurée par un autre vocaliste, donc, est improbablement jouissif, et de nombreux plans purement jazzy viennent casser le rythme des morceaux, pas toujours pour le meilleur malheureusement. Et c’est le deuxième gros point noir : certains plans jazzouilles sont vraiment éculés et parfois atrocement laids. Dommage.

Il n’empêche que dans la grande famille des groupes qui essaient ostensiblement de mettre du jazz dans du metal, Ephel Duath (au passage, oui, c’est un nom issu de Tolkien, mais point de dragons ou de hobbits ici) réussissent une des performances les plus convaincantes au niveau efficacité, carrément monstrueuse en live. On ne déplorera jamais assez cette voix mièvre à souhait ainsi que quelques longueurs vraiment irritante, même si cela n'est qu'occasionnel. Le dernier reproche sera pour la tonalité générale de l’album, à laquelle manque une véritable noirceur qui aurait pu rendre le disque bien plus incisif. Les amateurs de Dillinger Escape Plan, Mars Volta ou pourquoi pas Painkiller devraient y jeter une oreille.

- lina b. doll, le 24 07 2006