Bohren&der Club of Gore > Black Earth

Black Earth
2002
Notation
Jazz/Blues   Ambient

J’avais bien envie de pondre une petite bafouille sur un disque aujourd’hui, mais les disques les plus évidents à extraire de ma discothèque ne se prêtait guère à mon humeur du moment. Ce qui devient inquiétant, c’est que voilà le disque qui m’a finalement crié « prends-moi tout de suite, ici», qui semble indiquer que je dois être d’humeur plus que morbide, ce qui est toujours une bonne nouvelle en soi quand on n’avait pas été prévenu. Enfin passons sur mes états d’âme et venons en à Bohren & der Club of Gore, quatuor au nom improbable évoquant à la fois leur origine géographique (Bohren) et musicale (voyons la liste des liens sur leur site : Warhorse, Darkthrone, Skepticism, Southern Lord, Stephen O’Malley, Nortt, Celtic Frost, autant de nom qui n’évoquent sans doute pas grand-chose pour la plupart, mais qui forment un joyeux club du gore, je vous le garantis).

Contre toute attente, vis-à-vis de cette liste de joyeux drilles résolument orientée vers un metal dont extrême n’est encore que le prénom, c’est de jazz qu’il s’agit. Mais jazz façon after party chez David Lynch, chill-out dans les catacombes ou encore jam session au Père-Lachaise. Bref, c’est sinistre, monotone, extraordinairement agaçant pour un véritable amateur de jazz parce qu’éculé, mais surtout fichtrement prenant pour tout amateur d’ambient nécrologique qui apprécie de temps en temps d’entendre de vrais instruments.

Bohren c’est une grande bouteille de whiskey, pénible à s’enfiler aux premières gorgées et auprès de laquelle on se laisse finalement aller complètement. Ça ressemble à la BO d’un mauvais film d’auteur qui pasticherait un film noir, avec le long plan séquence du type en imper qui marche dans la rue avec un paquet de clope intarissable. C’est bien trop évident. Cette morosité urbaine est bien trop criante de vérité dans son minimalisme neurasthénique, et sans doute est-ce ce qui laisse de marbre les nombreux indifférents à cette musique, qui n’a il est vrai guère d’autres attraits que celui d’obscurcir votre horizon par sa beauté feutrée. Bohren parle aux entrailles.

- lina b. doll, le 4 04 2006

Voir aussi:

Gonzales
Solo Piano