Les referendums qui le plébiscitent, les "révélations de l’année", le son des flonflons des webzines reconnus… Sufjan Stevens a tout raflé l’an passé avec Illinois, et étonnamment ce n’est de loin pas son meilleur album.
Comment est-ce possible d’être passé à côté de Seven Swans, ce quatrième album onirique sublime de retenue et d’inventivité ? J’avoue l’avoir manqué alors. Mea Culpa, hommage donc à postériori à ce songwriter qui surprend.
Loin de tout ce tape à l’œil, Seven Swans détone au premier abord par la retenue presque maladive de ses titres : un simple banjo comme entame, puis, délicatement des vocaux, un piano ou une guitare acoustique intimiste. Loin des 20 (!) instruments qu’il jouait dans les albums précédents, Sufjan (entouré ici des Danielson Famile) compose ici un folk rural sans âge voltigeant parfois dans les territoires country ou bluegrass. Un peu comme le Didn’t it rain de Songs : Ohia, mais les portes grandes ouvertes à la lumière du jour.
Pourtant très loin d’un retour aux origines, Sevens Swans est d’une approche totalement moderne, comparable à celle des avant-gardistes que sont Jim O’Rourke ou Tortoise. Les compositions ont quelque chose de déconstruit, de non-conventionnel, lié à l’utilisation des chœurs comme un instrument (les «tralala» de "Sister"). On passe de l’épique ("Seven Swans") aux balades dépouillées ("To be alone with you" ; "Abraham"), le timbre de Sufjan évoquant magnifiquement une fragilité qui reste sereine.
Disque attachant un peu à part, Seven Swans est indispensable à tout amateur de sensations nouvelles, grand bol d’air frais au parfum de liberté.
- runeii, le 29 03 2006