Cradle of Filth > Live Bait for the Dead

Live Bait for the Dead
2002
Notation
Rock   Metal

Le dossier à charge contre ce disque est lourd. D’abord rappelons qu’il est sorti plus ou moins en même temps qu’un (double ?) best-of, lui-même sorti quelques mois après un EP navrant (Bitter Suites to Succubi), bref au milieu d’une avalanche de merchandising -oui, les EP et les best-of, j’appelle ça du merchandising, même si certains avancent qu’il s’agissait de mettre un terme au contrat qui les liait à Music for Nations, mais passons- et qu’il semble être de notoriété publique, même chez certains fans, que Cradle est un groupe live effroyable. En effet nous verrons qu’au niveau de la performance se posent en tout cas deux problèmes : le manque d’homogénéité et la gargouille qui couine. D’un morceau à l’autre, le son est d’une qualité vraiment très variable, certains claquent bien parce que le groupe est en place et que la compo est bonne, tandis que d’autres se perdent dans des élucubrations aberrantes comme si jouer toujours plus vite, toujours plus fort et balancer du solo emperlousé de la tignasse quand on a plus d’autre idée était ce qui avait fait la gloire du heavy metal ? Bon là c’est du procès d’intention, je quitte cette piste.
Le deuxième point négatif, c’est donc Dani Filth, le chanteur, qui, il faut le reconnaître, produit sur album un spectre vocal allant du grognement au hurlement assez impressionnant, souvent interprété avec une théatralité judicieuse, notamment lors des parties chuchotées de certains morceaux. Evidemment, dur dur de reproduire la complexité des albums sur scène, et bien souvent Dani se plante dans les paroles pléthoriques, baragouine de manière inintelligible ou comble le vide par un beuglement immonde. Accessoirement ses grognements rappellent ici plutôt le cow-boy ******** (déconnez pas, j’essaie d’arrêter de fumer) que le death metal des abysses de Satan.

Je ne pousserai pas la mauvaise foi jusqu’à nier l’évidente efficacité du groupe dans ses compos, les mélodies SONT vraiment accrocheuses ; ce sont les orchestrations granguignolesques qui posent problème la plupart du temps, ainsi que le grotesque du propos relayé par les harangues d’un Dani un peu bavard (il aboie mais il ne mord pas, le bougre). En plus je le confesse, j’ai pris du plaisir à retrouver ces vieux morceaux du groupe, même si, et c’est finalement le principal défaut du disque, il vaut définitivement mieux se plonger dans les versions album.

Quelques mots enfin sur le deuxième disque qui contient de pseudos inédits, en vérité des mix alternatifs plus ou moins insignifiants de morceaux qui l’étaient déjà passablement de leur propre chef, dont, et c’est très fort, une reprise des Sisters of Mercy (No Time to Cry) déjà présente sur l’EP cité précédemment, des morceaux joués en soundcheck, des remix dark-electro consternants, de la merde mal torchée qui traînait au fond d’un tiroir, en somme, dont on se demande bien pourquoi elle vient encombrer un live qui allait mieux seul que mal accompagné.

Pas franchement haïssable en lui-même, ce disque peine vraiment à trouver sa place dans la discographie du groupe, et d’un point de vue artistique, opter pour le best-of OU le live eut été plus judicieux de la part du groupe, sachant que les track lists se recoupent bien logiquement. Ici ça fait double emploi et les versions live présentent peu d’intérêt en elles-mêmes. La note reflète la pertinence plus que la qualité du disque.


- lina b. doll, le 24 03 2006