Neurosis aura certainement su conquérir un nouveau public avec The Eye of Every Storm, tout en perdant une partie de ses anciens fans. Mais ce débat n'était finalement que la suite logique de celui qu'avait suscité son prédécesseur, qui souffrit lors de sa sortie de son aspect vaguement transitoire, un peu barbant peut-être car très linéaire dans sa construction, moins brut(al?) que ce à quoi nous avait habitué le groupe.
Pourtant, bientôt 5 ans après sa sortie, ce disque reste un joyau d'intensité rarement égalé, avec ces morceaux qui débutent en ballades folk désabusées et gutturales (Steve Von Till, alias l'homme qui grommèle au fond du tonneau) pour s'achever sur des murs de décibels vertigineux et des plans cacophoniques à souhait, résolument metal dans leur son mais d'une approche qui refuse toute catégorisation, et que je qualifierais volontiers de cosmique (hum).
Ceci dit, l'album n'échappe pas à certaines longueurs (un ou deux morceaux assez facultatifs, dirons-nous)et à de petites fautes de goûts (Falling Unknown risque de porter le coup de grâce à ceux qui peinaient déjà avec la voix) qui paraîtront franchement repoussantes au premier abord. Mais toutes ses composantes tendent vers un final apocalyptique parmi les plus impressionnants de la musique saturée, qui bénéficie plus que n'importe quel autre d'être attendu pendant plus d'une heure. Eh oui, Neurosis est un groupe qui s'attend, mais il le vaut bien.
- lina b. doll, le 2 02 2006