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Fires in Distant Buildings
11.2005
Notation
Rock   Pop   Folk

Nick Talbot (l’homme qui se cache sous le pseudo de Gravenhurst) nous a habitué à des réussites majeures dès ses premiers opus. Une sensibilité et une simplicité plutôt inhabituelles sont à la base du folk de «Flashlight Seasons» puis du EP «Black Holes in the Sand» en 2004. Ne se voulant plus l’homme à tout faire, Nick Talbot s’est cette fois-ci entouré d’un groupe complet; son aspiration était de se rapprocher de ce que Slint a pu faire dans le passé.

Slint, me direz-vous ? Pas franchement du folk à vrai dire. Découvertes de nouveaux espaces sonores, «Fires in Distant Buildings» nous réserve en effet beaucoup de surprises. Dès l’ouverture ("Down River"), la référence est pleinement assumée. Un faux calme aux accents bluesy nous explose soudain à la figure sous la forme d’un riff ravageur. Les 10 minutes de «Song from under the Arches» exploitent cette même veine sous un jour plus sombre, véritable climat angoissant sous de faux airs tranquilles qui finit en incendie. Etonnante manière de contraster le folk lunaire des précédents opus à la lumière des tranchants du rock.

Le folk n’est pas en reste, à témoin la simplicité effarante de «Cities beneath the Sea» qui nous hante en mettant le doigt pile sur la faille de notre coeur. Quelques accents d’orgue et un groove sous-marin pour que la magie opère, la recette Gravenhurst fonctionne à merveille.

Hélas, trois chansons ne peuvent contre-balancer le reste du cet opus qui prend ensuite l’eau de toutes parts. «Velvet Cell» fait franchement tache avec sa batterie binaire, son riff basique de chez basique, pour un résultat finalement très quelconque. Paraît-il que c’est le single, et comme Nick Talbot semble l'apprécier, il nous en ressert même une reprise ! Le pari de la pop est mieux maîtrisé sur «Animals», mais là encore on se demande où va Gravenhurst avec cet album.

«Fires…» s’épuise peu à peu sur la longueur (à témoin une reprise interminable des Kinks remplissant du vide avec des rallonges psychédéliques). Il évoque bien ce feu lointain qui couve, surgit et mord celui qui s’en approche de trop près. Mais comme tous les feux, ils consument tout et finissent par s’éteindre. Au final, cet opus marque un net virage vers un format pop-rock ; plus varié, il amènera certainement d’autres auditeurs mais en y perdant un peu de son authenticité.

- runeii, le 10 12 2005