Depuis une quinzaine d'année, Rabih Abou-Khalil aide le « world-jazz » à acquérir ses lettres de noblesses. Ce joueur de oud libanais, établi depuis longtemps en Allemagne, est allé frapper à toutes les portes pour ramener des albums teintés de beaucoup d'origines (orientales, d’Amérique latine, occidentales) qui se mélangent à merveille et offrent une sonorité bien différente à travers chaque opus, permettant ainsi un fabuleux voyage à chaque fois, le tout sous une pochette ne pouvant qu'inviter au rêve.
Pour ce voyage au centre d'un œuf (titre accrocheur), Rabih et sa oud se sont entourés simplement de Joachim Kühn (piano et saxophone) et de Jarrod Cagwin (batterie). C'est donc une partie à trois qui, comme dans toute partie de jazz, semble laisser une bonne place à l'improvisation. Les compères s'entendent bien, les titres sont très plaisant et nous promènent sur les chemins mi-connu, mi-aventureux, même si on pourra objecter qu’on a un peu tendance à penser que, parfois, la mayonnaise aurait pu mieux prendre. Certes ils jouent très bien, certes les compositions sont bonnes (même si ce ne sont pas ses meilleures), mais il manque un petit quelque chose qui fait qu'on n’y trouve pas tout à fait la magie dispersée sur certains album de Rabih. Ici, les instruments sont bien à leur place, chacun semblant un peu jouer dans son coin, faisant tourner sa technique et l'osmose n’en est pas totale.
Mais cela ne doit pas pour autant décourager l'amateur qui aura, espérons-le, la curiosité d'aller chercher un peu dans le passé et d'oser des albums tels que Blue Camel ou Al-Jadida pour n'en citer que deux de cet artiste à découvrir absolument...
- le sto, le 22 11 2005