Après Dead Texan, projet de Adam Wiltzie, c'est au tour de l'autre moitié de Stars of the Lid de s'offir une escapade solo. Pas de grands bouleversements au programme, Brian McBride reste fidèle à une musique atmosphérique et ténue, quelque part entre ciel et terre, entre rêve et réalité. When the Detail Lost its Freedom pourrait être considéré comme la version aquatique de Stars of the Lid, les sons étant filtrés et étouffés, leur origine rarement reconnaissable. D'après l'auteur, il s'agit d'une multitude d'instruments en perpétuelle mutation, du violon au piano en passant par le saxophone et la guitare. Aucun synthés, évidemment. Cette musique vaporeuse, aux harmonies très pures, est une expérience étrange, un peu à l'image de certaines ambiances à la Brian Eno, elle ne requiert pas une attention soutenue de bout en bout, ce qui serait d'ailleurs difficile.
Cette musique aussi légère que l'air crée une ambiance propice à la reflexion, s'insinuant insidieusement dans nos pensées pour en accompagner voire en diriger le flux. C'est une conception de la musique très différente de la normale, qui risque de diviser irrémédiablement les auditeurs en deux camps : certains resteront captivés et y trouveront la bande originale parfaite pour rêvasser ou refaire le monde, alors que d'autres s'ennuyeront à mourir. Inutile de préciser qu'un tel disque reste une expérience hautement subjective, même si les humeurs qu'il transmet sont universelles et aisément reconnaissables.
Les bouleversements apparus dans la vie de Brian McBride - principalement son divorce - ont marqué l'ensemble du disque d'une mélancolie palpable. Seuls deux morceaux comportent des voix - "Our last moment in Song" et "The guilt of Uncomplicated thoughts", retour sur terre émouvant pour un disque qui menace par moments de sombrer dans l'abstraction totale. Moins majestueux que le lumineux The Tired Sounds of Stars of the Lid, When the detail lost its freedom ravira les amateurs du genre sans pour autant être un disque indispensable de ce genre musical que McBride et Wiltze ont partiellement créé.
- JP, le 21 11 2005