Un nouveau groupe et déjà 3 albums qui jalonnent une année remplie de tournées en Europe et aux US ; on se demande comment Jason Molina parvient à produire tant. Début 2005, «Trials and Errors» mettait le feu aux poudres, live lourd d’électricité aux nombreuses compos inédites puisant aux racines du rock seventies. Puis en avril, «What comes after the blues» assurait la pérennité du groupe, petit monument de songwriting touché par la grâce dont la flamme ne cesse encore de nous illuminer. Et enfin ce EP, dont le titre est issu du précédent studio.
Clairement, Jason Molina ne sait que faire de ses vacances. Pas de repos, il faut écrire, encore et encore, puis enregistrer en 5 jours, puis repartir sur les routes. Travailleur acharné, il est aussi un conteur hors pair ; l’écriture semble être un besoin inextinguible à assouvir et qui ne saurait se tarir, jusqu’au repos de l’âme. Il y a un peu de Johnny Cash dans cette manière de procéder. Les démons de l’homme sont la trame de ses œuvres : repos impossible, cœur perpétuellement entre deux chez-soi, pieds dans la poussière qui recouvre une nouvelle route anonyme. Ces thèmes forment le «blues» de Molina, et ce EP ne déroge pas à la règle.
Ainsi, ces 4 inédits valent une petite halte. «Bowery» et son piano supporte tant bien que mal les douleurs de Molina, qui semble si las de tout. Après cette entrée en matière plutôt douce-amère, le tempo augmente quelque peu. «31 seasons in the minor leagues» nous offre un riff de guitare en écho bien tranchant auréolé d’un orgue. Pourtant, malgré l’excellence de la composition, on ne dérape pas… On est même scotché au fond d’un maëlström sonore qui noie les instruments les uns avec les autres. La production n’est pas assurée par Steve Albini sur 3 des 4 titres du EP et cela s’en ressent. Dommage. D’autant plus que le final «Werewolves of London» (reprise de Warren Zevon) produit à l’Electrical Audio du magicien des manettes nous grise les sens par son énergie brute. Alcool, cigarettes, la 6ème enclenchée et pied au plancher jusqu’à la prochaine métropole sans âme…
Ce EP nous indique que la créativité de Magnolia Electric Co est toujours aussi foisonnante, même si une production plus aboutie servirait mieux des titres manifestement conçus pour la scène. Prochaine escale musicale cette fois en 2006 ?
- runeii, le 14 11 2005