Voici un des fleurons du prog-rock qui nous revient. Ceux qui ont illuminé ce style dans les années 70, au même titre que King Crimson (d'ailleurs le superbe Pawn Hearts sorti en 1971 est une collaboration avec Robert Fripp), Genesis et Yes viennent de se reformer pour pondre un très bon disque, ce qui est loin d'être le cas de toutes les reformations. Un double album avec d'un côté 6 nouveaux morceaux et de l'autre 10 improvisations qui fleurtent dangereusement avec le free-jazz.
"Every Bloody Emperor" est un titre très ouvert, la voix de Peter Hamill est très belle, les textes assez acerbes. Le saxo dominant de "Boleas Panic" pourrait nous évoquer Pink Floyd et nous emporte vers "Nutter Alert", titre puissant, rock et énervé avec de magnifiques passages de sax également. La guitare retrouve sa place sur "Abandon Ship!" et "In Babelsberg", assez torturés, plus difficiles, plus dissonants, mais les claviers et la somptueuse batterie se chargent de soutenir ces excès. Le premier disque se termine avec "On the Beach", retour au calme, limite swing avec quelques bruitages de plages en arrière fond.
Le deuxième disque est loin d'être un simple bonus, les morceaux ont peut-être demandé moins de labeur, mais on sent le background des musiciens et l'unité qu'ils peuvent former. On songe souvent aux improvisations de King Crimson, saxo voltigeant, claviers énergiques, batterie jazz-rock, basse très en verve et lignes d'orgues essayant de ramener un peu de calme à ces éruptions musicales.
Si on aime le genre prog rock, il est impossible de passer à côté de cet album de l'année très réussi, inventif et qui nous donne envie de nous replonger dans un genre souvent décrié par pur snobisme.
- le sto, le 26 08 2005