DJ Spooky/Dave Lombardo > Drums of Death

Drums of Death
4.2005
Notation
Electro   Metal   Experimental

Drums of death est un projet des plus ambitieux réunissant des poids lourds comme Chuck D (Public Enemy), Dave Lombardo (Slayer), Vernon Reid (Living Color), Jack Dangers (Meat Beat Manifesto), et bien sûr DJ Spooky, vétéran de la scène electro/expérimentale. Le résultat est un album qui va loin dans l’expérimentation, partant dans tous les sens, entre hip hop, electro et metal, et arrivant difficilement à concilier toutes ces influences/personnalités pour un résultat homogène.

La batterie est sans conteste l’élément le plus engageant de cet opus, l’instrument qui permet à l’ensemble de garder une certaine cohérence. Dave Lombardo est impeccable et impressionnant, sauvant à lui seul plusieurs morceaux de la médiocrité. Chuck D et son style inimitable ainsi que sa hargne proverbiale ne lui font pas défaut ici, il permet aux morceaux auxquels il participe d’être les plus percutants et les plus directs. « Brother Gonna Work it Out » et « B-Side Wins Again » déchirent, les guitares saturées étant le plus efficace au second plan, lorsqu’elle soutiennent la rythmique de Dave Lombardo. Autre grand moment, « The Art of War », avec le guitariste Vernon Reid partant dans ses harmonies dont il a le secret, évoquant son meilleur travail avec les Yohimbe Brothers.

Malheureusement, le reste de l’album passe un peu inaperçu ou sombre dans la médiocrité, à l’image des morceaux trash metal de seconde zone que sont « Terra Nullius » (Slayer version instrumentale) et « Kultur Krieg ». DJ Spooky tente de rappeler qu’il participe à cet album sur « Incipit Zarathustra », sorte de combat entre platines et batterie, avec quelques scratches, et d’interminables breaks de batterie. Il y a aussi quelques intermèdes électro/ambient plus calmes agrémentés de samples futuristes assez convenus sensés créer une ambiance science fiction, mais sitôt écoutés, sitôt oubliés.

D’autres titres tombent dans l’expérimentation stérile qui se prend la tête, DJ Spooky ayant une fâcheuse tendance à l’intellectualisation à outrance. Des morceaux comme « A Darker Shade of Bleak » et « Obscure Disorder » semblent être de simples exercices de style et manquent de consistance, d’intention. Parfaitement à leur place sur l’un des opus précédent de DJ Spooky, ils coupent le rythme de « Drums of Death » et le rendent quelque peu indigeste au final.

Evidemment, « Drums of Death » est loin d’être de l’easy listening, mais la musique proposée est plus accessible et directe quand l’alchimie fonctionne, les fusions entre electro, metal et hip hop donnant des résultats assez uniques qui valent vraiment le détour. Mais l’album souffre de sa volonté d’explorer trop d’horizons, certains morceaux penchent du côté purement metal et d’autres sont des digressions ambient/expérimentales qui passent un peu inaperçues. Réservé à une audience avertie et déterminée.

- JP, le 6 07 2005