La pochette de ce second album nous livre l'énigmatique photo de Candy Darling, incontournable icône de la Factory photographiée ici sur son "lit de mort" par Peter Hujar et emportée par une leucémie peu de temps plus tard. C'est cette même créature (née sous le nom de James Lawrence Slattery) qui inspira la chanson de Lou Reed Candy Says et autour de laquelle plane l'ambiguïté et le mystère, notamment celui de son sexe… Or le choix symbolique de cette égérie perdue n'est de loin pas fortuit, car l'ambivalence et le tragique caractérisent à merveille le personnage androgyne et excentrique d'Antony, sorte de crooner dramatique de la scène avant-gardiste new-yorkaise.
Voilà donc pour le décor et le contexte conceptuel dans lequel évolue cet album. Si le contenu est lui plus difficile à décrire, c'est que "I'm a bird now" est une véritable perle! En effet la voix d'Antony est de celle qui vous prend aux tripes, de celle qui dès les 3 premiers mots vous fait frémir. Le premier titre, Hope there's someone, vibrant et quasi bouleversant, porte aux nues toutes les émotions du chanteur. Parfois théâtral à outrance, il surjoue, mais c'est là son rôle. L'excès devient alors magique et le vague à l'âme, on se laisse emporter dans une oscillation indéchiffrable, entre soul, blues, cabaret-rock et easy pop.
Accompagnant son spleen de piano ou de guitares dépouillées, Antony nous livre une oeuvre romantique, mais toujours ambiguë. Enfin, Lou Reed, Rufus Wainwright, Boy George et Devendra Banhart sont autant d'invités prestigieux qui viennent entretenir l'étrangeté de cet album.
- sai real, le 26 06 2005