Après 30 ans de bons et loyaux services, Harold Budd raccroche et nous livre son dernier album. Peu connu du grand public excepté à travers ses collaborations avec Brian Eno dans les seventies et Robin Guthrie dans les eighties, Harold Budd est resté fidèle à son style très pur tout au long de sa carrière : un piano classique ou un synthé avec de fines couches d’ambient, plus proche de la musique électronique que de la musique classique, influençant de nombreux artistes, de Rachel’s à Stars of the Lid . Impossible pourtant de classer Harold dans une catégorie musicale ou une autre. Minimaliste au niveau du nombre de notes jouées mais expansive en ce qui concerne les émotions exprimées, c’est une musique mystique et poétique, parfois mélancolique, évoquant souvent une nature sauvage, mais qui ne tombe jamais dans le sentimentalisme facile.
Pour cet ultime album, Harold Budd s’entoure d’un quatuor à cordes sur plusieurs morceaux, composants de courtes pièces très épurées d’une exquise finesse. La collaboration avec le saxophoniste Jon Gibson révèle une grande complicité, notamment sur "How vacantly you stare at me", où ce dernier joue d’une flûte très basse aux sons d’une magnifique profondeur, portés par une mélodie au piano très nostalgique. Difficile de retranscrire une telle pureté, une telle intensité contenue, chaque note est jouée avec justesse, les divers instruments autres que le piano s’insérent à merveille dans les compositions d’Harold Budd.
Un deuxième disque inclut un seul morceau de 60 minutes, qui reprend le concept que Brian Eno avait utilisé sur Thursday Afternoon, sorte de tapisserie musicale hypnotique évoluant lentement. C’est plus un disque bonus qu’autre chose, car le coeur de l’oeuvre se trouve sur le premier, peut-être le plus abouti de la carrière d’Harold Budd, une musique douce et envoûtante, propice à la rêverie et à la méditation.
- JP, le 17 03 2005