L’harmonie, la chaleur et l’émotion sont presque absentes de ce disque comparable à un monstre préhistorique en acier qui commence à se déglinguer. La liste des pseudos-instruments utilisés est impressionnante : l’hydrophone, l’Akai S2000 Sampler, le waterphone, le Wurlitzer MLM, ou encore le célèbre Gankogui. Les photos dans le booklet sont édifiantes : Il y a des vieux synthés, des tours PC de 1 mètre 50 de haut, des ordinateurs pour enfant genre Ordimini et des cables un peu partout. Bref, les réjouissances s’annoncent bien.

"We move through weather" est principalement un disque d’ambiances faites de sons âpres, bruts et stridents, ça aurait pu s'appeler "musique pour salle des machines" ou "musique pour train régional rouillé". La batterie a une place importante alors que les guitares sont en net recul par rapport au précédents albums de Tarentel. Certains autres aspects demeurent, comme les longs morceaux d’un quart d’heure.

"Get away from me you clouds of doom" dure près de 15 minutes, mais n’apporte quasiment rien. Des notes de guitare et de batterie se succèdent lentement au milieu du bourdonnement de générateurs. Par ironie peut-être, le titre suivant dure une minute mais est plus intéressant que les 15 précédentes réunies. L’autre morceau de même durée est par contre excellent, atmosphérique, il laisse la place à une relative mélodie et est soutenu par des rythmes denses. Petit à petit des bruits étranges apparaissent et s’intègrent bien au reste.

Dire que ce disque est intéressant va de soi mais on n’ira pas jusqu’à dire qu’on l’aime, il est difficile de vraiment rentrer dans le trip. Dans l’ensemble on ne peut que se réjouir de l’inventivité déployée même si le résultat est maigre comparé à l’investissement. Moins accessible que jamais, âmes sensibles s’abstenir.

- JP, le 25 11 2004