Blues States, l’un des groupes les plus prometteurs de la scène electro-rock, revient avec un album qui risque de surprendre les fans. La différence majeure réside dans l’ajout d’une voix, en l’occurence celle de Chris Carr (le guitariste du groupe), sur la majeure partie des chansons. On ne peut qu’applaudir la prise de risque. Rien qu’en observant la réaction de stupeur que "The Soundings" nous inspire, on se dit qu’on a beaucoup trop d’attentes avant l’écoute d’un disque, qu’on s’attend peut-être inconsciemment à un remake des disques précédents mais en mieux, alors qu’il faudrait repartir à zéro à chaque fois.
Précisons d’entrée que ce changement n’est pas un glissement vers les sirènes de la notoriété ou la création d’une musique plus accessible pour les fans de Craig David. Les deux premiers disques de Blue States étaient tout compte fait accessibles, mélodieux et accrocheurs, tout en restant inventifs. "The Soundings" perpétue cette musique douce et vaguement mélancolique par instants. Le superbe "Output" par exemple, un morceau instrumental, est d’une grande richesse, on ne sait plus où finit l’électro et où commence le rock, les couches successives donnent une musique d’une grande homogénéité, plus variée que sur "Man Mountain". Pareil pour "Leaning in", peut-être l’une des meilleures chansons de la brève mais riche histoire de Blue States. Il faut souligner que les meilleurs titres de cet album sont vraiment bons, d'une très grande finesse.
Par contre, ce qui frappe à l’écoute des titres chantés est l’appauvrissement de la musique, malgré qu’elle passe au second plan. La qualité des arrangements, la richesse des sons baissent souvent de façon significative. Les deux premiers titres, "Across the wire" et "Ten shades" ne sont pas renversants, la façon de chanter de Chris Carr manque un peu de relief...elle est même soporifique parfois. "For a Lifetime" me fait penser à une chanson de Tom Petty sous LSD, "The Last Blast" est un peu insipide et gentillette. Pour terminer l’album, "Sad songs" révèle une bien meilleure alchimie entre la voix et la musique.
Malgré que ce changement d’orientation ne soit pas toujours réussi, ce disque témoigne d’une prise de risque certaine, sans doute un tournant musical pour Blue States, chose jamais facile à négocier. Il ne reste plus qu’à souhaiter que la métamorphose se concrétise sur le prochain album.
- JP, le 15 09 2004