Cette compilation (non mixée) sur deux CD’s comprend les meilleurs morceaux passés au Kemia Bar, club situé dans le sous-sol du restaurant Momo’s à Londres. A l’image de la ville, le club propose chaque soir une grande variété de musiques venues des quatre coins du monde, ainsi que des soirées techno et house le week-end.
Acte I. Avant minuit. On est envoûtés d’entrée. On s’attendait à un apéro musical et on est subjugués par "Radio Tarifa", mélange de flûtes, de rythmes, avec une voix superbe. Et ça continue avec "Ojos de Brujo", une explosion de joie et de couleurs venue d’Espagne, guitares style flamenco, chœurs en espagnol. On boit littéralement cette musique divine. Les métissages commencent avec Ursula Rucker feat. Lil Louie Vega et surtout avec Charles Webster, qui marie superbement guitare, tams tams et rythmes actuels. Petit intermède hip hop avec TY feat. Roots Manuva, servi sur des percussions rappelant l’Inde.
Le remix de Buscemi de "Felicidade" est assez extraordinaire, réalisant à merveille le mariage entre tradition et beats modernes. On retourne au folklore aux consonances espagnoles avec "Jaleo", interprété par Concha Buika et Trüby Trio. A noter encore "Andar Nouar", morceau house avec une basse chaude et divers instruments acoustiques dans le fond. On croit que c’est fini mais on à encore des frissons à l’écoute de "Fatwords", ballade qui clôt ce premier disque magique.
Acte II. Après minuit. On commence à sentir la pression des rythmes, on est entraînés sans retour. La force de cette musique, c’est que les beats parlent d’eux-mêmes, pas besoin qu’ils soient ultra lourds pour qu’on se lève de son siège. Tiefschwarz avec "Renix" arrive à vaincre nos dernières résistances, avec une ligne de basse exceptionnelle ainsi qu’une ambiance sombre, le tout parsemé de samples de voix. Et que dire de "Caste Out" (Optimus), si ce n’est qu’on n’a rien entendu d’aussi bon depuis des lustres - basses et rythmes tournoient dans l’air, et les mélodies évoquent des pays lointains. La façon dont le tout est orchestré et produit donne des frissons.
Ada ralentit la cadence avec "...And more...", morceau house minimaliste et mystérieux. Après ce superbe intermède, Lucien-N-Luciano nous offre un reggae version 22ème siècle des plus déjantés. Puis on retourne à la world music avec les tams tams de Cesaria Evora, remixés par Carl Craig. C’est un voyage époustouflant, qui réussi le pari d’être à la fois incroyablement varié sans pour autant être décousu. Les arrangements musicaux et rythmiques sont nettement au-dessus de ce qui nous est donné d’entendre habituellement. Faut-il encore mentionner l’excellent "Alien in my pocket", space funk de Linbaek & Lindstrom, ou encore "Shoot the Model" de Bang Bang, délicieusement old school mais terriblement entraînant, pour démontrer l’excellence de ce disque ? Il ne reste plus que le générique de fin, interprété par The Source & Candy Staton, forcément décevant après tant de merveilles.
"One night at Momo’s" est le meilleur de la world music et de la techno actuelle en deux CD’s, tout simplement. Un album plein de couleurs, sincère et magique.
- JP, le 31 08 2004