Formé de seulement trois membres, Parlovr produit un rock d'une puissance inouïe, à tel point qu'on jurerait entendre l'une de ces formations orchestrales composées de huit membres régulier et de trente-deux collaborateurs informels. Pourtant, l'arsenal du groupe issu du très indie-rockesque Mile-End se résume à ceci: une guitare achetée dans un pawn-shop, parfois deux, un clavier trouvé dans un grenier, une voix, parfois deux, et une batterie. C'est tout. Il n'en faut pas plus pour que nos trois amis trouvent le moyen de nous jeter sur le dos, par le truchement de solides compositions aux forts accents mélodiques, voire hymniques, desquelles jaillissent joie, urgence et débordements en tout genre. Bref, ça rock comme si on était en 1990, au moment où les Pavement, Guided by Voices et Sebadoh prenaient le relais des Pixies, Replacements et Talking Heads de ce monde.
Même si les influences du trio tirent leurs racines de vingt-cinq ans de musique indépendante, leur son est résolument ancré dans l'esthétique Mile-End, que des formations comme les Unicorns, Arcade Fire, Wolf Parade et les Lovely Feathers ont contribué à développer. Parlovr est donc un band typiquement montréalais, mais sa grande force sur cet album éponyme tient à sa capacité de réunir toutes les facettes du rock anglo-québécois, sans pourtant en rabâcher les clichés que l'on connaît si bien. C'est tordu tout en étant rigoureusement sur la coche, c'est noisy sans négliger la frappe mélodique et c'est tout ce dont vous rêver d'une formation locale, sans la prétention et les skinny jeans (ou presque).
- Mathieu Dupont, le 16 11 2009