Josephine...On se questionne sur ce prénom qui augurerait d’une part plus féminine dans l’œuvre pléthorique de Jason Molina. C’est vite dit, mais il est vrai qu’il s’agit de l’album le plus doux et retenu jamais composé par Magnolia Electric Co. Complexe aussi au niveau de son écriture, album concept où les chansons se répondent les unes aux autres, sorte de cycle autour de l’obsession centrale de Josephine.
La prise de risque se situe donc là , bien davantage qu’au niveau de l’enrobage musical...même si le groupe veut s’affranchir des habits trop connotés Crazy Horse endossés (malgré lui ?) sur les précédents albums. L’adage Molinesque Less is more règne donc en maître. Exit les solos de guitare, de steel et les virages en territoire rock. On va être pour le moins surpris du solo de saxophone en ouverture, de l’omniprésence des orgues et claviers entre les chorales du dimanche après-midi. Et, dieu merci, on s’y retrouve quand même sur quelques hymnes valant le détour (le refrain de "Shiloh"), tout comme sur certains passages plus amers, comme l’électrique "Knoxville Girl".
Plus triste : le bassiste Evan Farrell est mort dans l’incendie de sa maison fin 2007, et une part de lui semble traverser l’album en guest invisible. Le groupe, comme recueilli, semble jouer sur la pointe des pieds. Il emprunte avec emphase la voie dorée de la pure country ("Shenandoa"), du gospel ("Rock of Ages", déjà réalisé en single-hommage au bassiste décédé), ou de la pop sixties ("O Grace", aux accents Beach Boys).
Steve Albini ? Goûtant au repos du guerrier, il ne semble plus appuyer grand-chose des dynamiques, totalement absentes de Josephine, ceci même sur des titres à priori épiques comme "The Handing Down". MEC prend soudain un peu du Sparklehorse pour le meilleur, mais aussi du Okkervil River dilué pour le pire.
Ainsi, pris séparément, les 14 titres manqueront souvent de substance. Mis bout à bout ils raconteront une fois encore une bonne portion de l’Amérique. D’un côté un manque assumé de folie et de risques, d’un autre un aspect classique et immédiat. On est donc très loin d’oser, Josephine, comme dirait l’autre. Notre Joséphine restera plutôt une icône aux tons sépia vouée à vieillir enfermée dans son cadre à photo. Dommage.
- runeii, le 24 07 2009